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neutres, sous l’égide desquelles fonctionne l’œuvre tout entière.

La Commission était tiraillée entre son devoir envers les populations qu’elle nourrit, qui réclament sans cesse une augmentation des rations, et les exigences des comités de restriction des Alliés, chargés d’arrêter les exportations vers l’ennemi. Après les déportations de Lille et les protestations indignées qu’elles motivèrent dans la presse alliée, l’état-major allemand se préparait à dissoudre la Commission et à laisser mourir de faim les pays envahis. Hoover passa un jour, au grand quartier général ennemi, à discuter le problème avec des hommes certainement insensibles à tout argument sentimental : quand il repartit, l’existence de la Commission était plus affermie que jamais. En 1916, un grave malentendu s’était produit entre elle et le gouvernement des États-Unis. Hoover s’embarqua pour Washington et vit le Président : deux jours après, un communiqué de la Maison-Blanche invitait tous les bons Américains à donner leur appui à la Commission.

Quand le Nord de la France lui demanda de s’occuper de deux millions d’hommes de plus, Hoover courut à Paris. En dépit de la méfiance qui y régnait à l’égard de tous ceux qui étaient en contact direct avec les Allemands, il ne tarda pas à convaincre nos ministres, et il apporta un utile concours aux grands Français dont l’intervention avait sauvé leurs compatriotes. Lorsqu’en 1917 une partie de notre territoire eut été repris à l’ennemi, c’est dans Noyon reconquis que les représentans des pays secourus adressèrent à Hoover le témoignage éclatant d’une impérissable reconnaissance. Sa bonté est à la hauteur de son intelligence : c’est ce qui explique les succès qu’il a obtenus et l’ascendant qu’il exerce à la fois sur ses collaborateurs et sur ceux qui ont des négociations d’un ordre quelconque à poursuivre avec lui. On raconte qu’au cours de l’un de ses récens voyages dans son pays natal, il fut reçu dans l’une des villes de l’Ouest par le club des Montagnes Rocheuses. Les hommes de sport qui le composent venaient de réunir une somme d’un million et quart de dollars, près de huit millions de francs au change actuel, pour organiser la chasse dans les forêts du district. L’hôte fit une conférence d’un quart d’heure, au bout duquel ses auditeurs renonçaient à leur projet et lui remettaient le million et quart de dollars pour l’œuvre du ravitaillement.