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statistiques des départemens les divisent en deux groupes, l’un où les décès l’emportent sur les naissances, l’autre où les naissances l’emportent sur les décès, et les départemens du premier groupe sont déjà les plus nombreux[1]. Il est plus exact encore de les répartir en trois fractions : la plus considérable, la moitié à peu près, se compose de ceux où la race demeure stagnante ; l’autre moitié se divise en deux, un quart où la population baisse d’une façon continue, croissante, et un quart où, d’une façon également continue et encore importante, la population monte. Le bassin de la Garonne, la vallée du Rhône, la Bourgogne sont les principales régions stériles ; le Nord, la Bretagne, la Lorraine, le Béarn, les Cévennes restent les sources de fécondité.

Ce n’est pas la différence du climat et du sol, de la plaine et de la montagne, qui fait la différence de l’activité génératrice. Les versans septentrionaux des Pyrénées offrent les mêmes altitudes, les mêmes pentes, les mêmes cultures à ceux qui l’habitent ; aux deux extrémités orientale et occidentale de la chaîne la race demeure prolifique, dans la région intermédiaire elle diminue. La fécondité humaine est égale dans la Lozère, la Haute-Vienne et la Corse, où la nature se ressemble si peu. La différence des occupations n’explique rien : les plus prolifiques des Français sont les tisseurs des Flandres et les marins de Bretagne. La différence des ressources n’est pas davantage la mesure de la natalité, qui ne diffère pas dans les régions pauvres des Hautes-Alpes et des Landes, riches de Meurthe-et-Moselle et de Belfort, ou de richesse moyenne comme la Vendée. Enfin la communauté de l’origine et des traditions provinciales ne répartit point par groupes historiques les familles nombreuses ou restreintes. Nulle des régions françaises n’a de passé plus grand et de caractère plus personnel que l’Auvergne, et le Cantal et le Puy-de-Dôme sont deux noms de la même Auvergne : or ce même volontaire et ordonné Auvergnat accumule dans le Cantal, et dans le Puy-de-Dôme économise les enfans.

  1. Voici, d’après les derniers recensemens, le nombre des départemens où les naissances augmentent diminuent
    augmentent diminuent
    1909 40 47
    1910 53 32
    1911 25 64
    1912 56 21
    1916 49 38