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« MONSIEUR LE PRESIDENT,

« Les Puissances protectrices de la Grèce ont décidé de reconstituer l’unité du royaume sans porter atteinte aux institutions monarchiques constitutionnelles qu’elles ont garanties à la Grèce.

« Sa Majesté le roi Constantin, ayant manifestement violé, de sa propre initiative, la Constitution dont la France, la Grande-Bretagne et la Russie sont les garantes, j’ai l’honneur de déclarer à Votre Excellence que le Roi a perdu la confiance des Puissances protectrices et que celles-ci se considèrent comme dégagées à son égard des obligations résultant de leurs droits de protection.

« J’ai, en conséquence, pour mission, en vue de rétablir la vérité constitutionnelle, de réclamer l’abdication de Sa Majesté le roi Constantin, qui désignera lui-même, d’accord avec les Puissances protectrices, un successeur parmi ses héritiers.

« Je suis dans l’obligation de vous demander une réponse dans un délai de vingt-quatre heures.

« Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’assurance de ma haute considération.

« JONNART. »


Le document officiel était suivi d’un aide-mémoire précisant certains points importans : exclusion du Diadoque ; promesse au roi Constantin, après son abdication et son départ de la Grèce, d’un revenu personnel viager d’un demi-million de francs, garanti par les Puissances ; engagement formel de ne tolérer aucunes représailles.

L’émotion étreint M. Zaïmis. Dans les termes les plus chaleureux, les plus pressans, M. Jonnart fait appel à son patriotisme. Il lui montre la Grèce divisée, amputée déjà de quelques-unes de ses provinces, en état de complète anarchie, à la veille d’une guerre civile. « Les Puissances protectrices, lui dit-il, ne veulent pas renverser la dynastie ni supprimer la forme monarchique du gouvernement. Elles ne cherchent qu’à assurer l’unité de la Grèce, sa grandeur et son indépendance. » Le Haut Commissaire, exécuteur de la décision des grandes Puissances, fera ce qui dépend de lui pour que le changement de règne s’accomplisse dans les conditions les plus pacifiques. Mais la volonté des Puissances est absolument