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l’idée de faire un vaccin polyvalent, c’est à-dire dans lequel on introduisait des races variées de bacilles d’Éberth (car il y a beaucoup de variétés de ce bacille suivant son origine), ce qui avait chance de produire une immunisation plus générale.

A la suite des résultats extrêmement favorables et encourageans obtenus par ces auteurs, dont les statistiques établirent rapidement l’atténuation nette de la morbidité et de la mortalité typhoïdiques sur les sujets vaccinés, le Parlement français vota, très peu avant la guerre, la loi Labbé, qui rendait obligatoire la vaccination contre la fièvre typhoïde par le vaccin de Vincent ou le vaccin de Chantemesse, tous deux autorisés par l’Académie de médecine. La marine choisit celui-ci, l’armée adopta le vaccin Vincent. La loi devait être appliquée en novembre 1914.


C’est en cet état du problème que nous surprit la guerre actuelle. Il devait en résulter d’abord quelques tâtonnemens, quelques flottemens qui ne tardèrent pas à aboutir à des mesures d’ensemble heureuses et fermes.

On peut dire que, dès la fin de 1914 et le début de 1915, la vaccination antityphoïdique était à peu près générale dans nos armées. Il était temps, car une grave poussée épidémique de typhoïdes s’y était produite à partir de 1914. Cette expérience unique, qui nous a épargné déjà la valeur de plusieurs corps d’armées et qui portait sur plusieurs millions d’hommes, a bientôt réduit dans des proportions étonnantes les ravages de la maladie parmi nos troupes.

Du 3 août 1914 au 1er septembre 1917, le laboratoire du Val-de-Gràce a envoyé au front 5 513 073 doses de vaccin. La morbidité pour typhoïdes, — on verra tout à l’heure pourquoi je mets ce mot au pluriel, — qui, dans chacun des derniers mois de 1914, était d’environ 7 pour 1 000 hommes est tombée dans les premiers mois de 1917 à une valeur plus de cent fois plus petite. Un résultat parallèle a, je l’ai déjà dit, été obtenu pour la mortalité. — Fait que je tiens à noter, la mortalité s’est montrée à peu près égalé au sixième de la morbidité ; c’est-à-dire qu’il mourait à peu près un malade sur six.

Sur cette base et en admettant, par hypothèse, que 4 à 5 millions d’hommes auraient passé sur le front, on peut calculer, que si la moyenne mensuelle des cas de typhoïdes avait continué à être ce qu’elle était dans la période hivernale de 1914-1915, période où la vaccination n’était pas encore généralisée, cela nous aurait coûté au