Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 43.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de cette Assemblée, don Evaristo Perez de Castro, et le duc de Medina Sidonia sont chargés de lui adresser la même réponse négative- A leur grand regret, ils ne peuvent recourir à ses talens et à son dévouement ; le Gouvernement anglais le leur interdit. Tout ce qu’ils peuvent faire est de lui témoigner tom les égards dus à son rang, et de mettre à ses ordres pour retourner à Palerme la frégate de guerre Esmeralda.

L’aventure est intéressante ; car on verra, trente-six ans plus tard, le Gouvernement anglais, dirigé par Lord Palmerston, s’opposer avec la même résolution violente à l’influence que Louis-Philippe pouvait acquérir en Espagne.

Quand la Esmeralda ramena le Duc d’Orléans au quai de Palerme, il apprit que sa femme avait donné le jour à un fils. Quelques années de bonheur tranquille, de la vie de famille qu’il aimait, commencèrent alors. Aucune union ne fut jamais plus heureuse ni plus fidèle.

Quelle était alors la princesse Amélie ? Nous ne saurions le dire. Il existe des portraits du roi Ferdinand et de sa famille, peints vers ce moment en Sicile : ce sont de grosses gouaches à la mode napolitaine, bien loin d’égaler, — comme œuvre d’art ou comme document, — les belles miniatures françaises d’alors. Dix ans plus tard, un portrait de la Duchesse d’Orléans est dû au noble talent de Gérard. Mais nous connaissons surtout, par les portraits d’Ary Scheffer, la figure, entourée de cheveux blancs, de celle qu’il y a trente ans encore quelques vieilles dames de, Paris, avec un accent respectueux, nommaient la Heine. Mme de Boigne, qui n’était pas bienveillante, a écrit d’elle ces lignes : « Je ne saurais assez exprimer la profonde vénération et le tendre dévouement que j’éprouve pour Madame la Duchesse d’Orléans. Adorée par son mari, par ses enfans, par tout ce qui l’entoure, le degré d’affection, de vénération qu’elle inspire est en proportion des occasions qu’on a de l’approcher[1]. »

A Palerme, naquirent Ferdinand-Louis-Charles-Henri-Rose, duc de Chartres, futur Duc d’Orléans, le 3 septembre 1810 ; le 3 avril 1812, la princesse Louise, qui fut reine des Belges ; et le 12 avril 1813, la princesse Marie.

Qui songeait alors dans la petite Cour de Palerme au trône

  1. Cité par M. Gruyer, p. 257.