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qu’il le fallut, c’est-à-dire jusqu’au moment où le général Conneau vint à son secours. Ses brillans services lui valurent d’être publiquement félicité par Sir John French dans son troisième Rapport Officiel où le maréchal le mentionne comme « un général de cavalerie de premier plan. » Après avoir été chef du 5e corps, il commanda la IIIe armée qui, chargée de défendre Arras, occupait, en mars 1917, un front très voisin de la ville même où tombaient sans cesse les obus ennemis. Le 9 avril, après une intense préparation d’artillerie, Allenby engageait ses troupes, gagnait plusieurs kilomètres en quelques heures et dégageait la ville. On vit alors, spectacle rare, la cavalerie anglaise galoper au milieu des batteries allemandes abandonnées ; 15 000 prisonniers et 100 canons marquèrent cette victoire.

Une carrière si brillante et ses aptitudes éminentes de cavalier désignaient Sir Edmund Allenby pour conduire en Palestine une guerre de manœuvre.

L’offensive des Anglais vient d’échouer, mais ils veulent la reprendre avec de plus considérables objectifs. Dans ce dessein, ils organisent l’arrière et augmentent le rendement des voies de communication. L’Egyptian Labour Corps, composé de fellahs égyptiens sous les ordres d’officiers anglais, s’applique sur-le-champ à une triple tâche. On perfectionne la voie ferrée, ses croisemens sont multipliés et permettent un trafic ininterrompu dans les deux sens. Le terminus est porté de Rafa à Deir-el-Belah, quelques kilomètres seulement au Sud de Gaza, qui bientôt présente l’aspect d’une vaste gare européenne. D’autre part, de Rafa même un long embranchement à voie normale est poussé vers l’Est, jusqu’à Sheikh-Nouran, d’où il se scinde en deux voies, l’une vers Chellal, l’autre vers Gamli. Ensuite, on organise sur la côte, non loin de Deir-el-Belah où la mer le permet, des appontemens grâce auxquels chaque jour des approvisionnemens considérables sont débarqués ; sous la protection de patrouilleurs, des steamers s’y ancrent près du rivage et l’on voit, ployés sous les sacs, les files trottinantes des fellahs qui se suivent sans arrêt. Enfin, on réorganise de fond en comble le système routier d’où sortent trois grands types de voies. Il en est de première classe, souvent macadamisées, pour les camions-automobiles ; puis, des pistes soigneusement entretenues où marchent les troupes à côté des lourds