Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 43.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prises atteint, alors, 9 000 captifs et 80 canons, — le quart de l’artillerie turque ! Le 9, le 10 encore, la poussée continue ; Ashkalon et Esdoud tombent, et l’adversaire qui veut résister sur l’Ouadi Sukereir est bousculé par les Gourkhas. Une manœuvre d’enveloppement cerne dans un vallon 1 500 hommes, qui y capitulent ; le 14, la gare d’El Tineh est prise et les gros canons de l’escadre crachent la mitraille sur le rivage. Les pertes ennemies deviennent impressionnantes : à Katrah seulement, on compte 4 000 cadavres !

Dès lors, Kress von Kressenstein a bouleversé son ordre de bataille : la 3e division de cavalerie syrienne couvre Hébron et la 24e d’infanterie Beit Jibrin ; au centre, les 20e, 16e et 19e[1], le long du chemin de fer, cherchent à tenir contre les charges de la cavalerie et des méharistes anglais ; suivant la côte, les 57e, 7e, 3e et 53e occupent une position défensive sur l’Oued Surar où se trouvent creusés des retranchemens. Mais les Écossais avec les Anzacs franchissent le torrent, le 15 ; occupent Ramleh et Lydda, le 16 ; et le lendemain entrent sans combat dans Jaffa d’où les arrière-gardes turques s’enfuient.

Cette magnifique et rapide poursuite vaut au général Allenby des territoires considérables et plusieurs villes, et c’est alors que s’ouvre la troisième phase de la manœuvre. Tandis que sa gauche progressait démesurément vers le Nord, centre et droite sont demeurés immobiles. Désormais, il couvre Jaffa en occupant la rive méridionale du Nahr el Audj. Puis, il transporte ses forces au centre en direction de Jérusalem. Au lieu d’attaquer vers le Nord, il fait tête de colonne vers l’Est. Devant lui s’étend le massif accidenté des collines de Judée où est la Ville Sainte que deux routes seulement, celles de Jéricho et de Naplouse, ravitaillent. Allenby s’efforce de couper cette dernière, mais il se heurte à l’ennemi qui veut assurer la retraite de son aile gauche, et pendant la deuxième quinzaine de novembre, l’armée britannique, en combattant sans cesse, se rapproche peu à peu des portes de la Ville Sainte.

Les pluies violentes et le mauvais état des routes retardèrent

  1. Cette dernière, en juin, occupait encore le secteur de Brzezany, en Galicie, avec l’armée du comte Bothmer. Elle partit avant la dernière offensive russe, au cours de laquelle le général Belkowitch attaqua près des anciennes positions qu’elle venait de quitter. Après un voyage de trois mois, elle débarque à Médiel, le 29 octobre, et ses premiers élémens atteignent à pied Tell-es-Shéria, le 3 novembre, juste à temps pour être balayée par les Anzacs.