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passage fameux aussi, au Sud jusqu’au-delà de Neufchâteau, qui fut jadis une ville fortifiée. Ce rempart naturel, dont la largeur variait de 15 kilomètres au saillant d’Hattonchatel, à 8 kilomètres devant Verdun et à 3 ou 4 kilomètres aux extrémités Sud et Nord, descend par des pentes boisées assez douces vers la Meuse, mais il tombe à pic à l’Est sur la Woëvre qu’il domine d’une centaine de mètres. L’intérieur des côtes est très boisé et coupé de nombreux ravins. Les revers orientaux sont abrupts et tapissés de vignobles. L’ensemble constituait donc des positions excellentes pour arrêter une armée allemande débouchant de Metz.

A partir de Toul, on remonte le cours de la Moselle assez encaissée, entourée de hauteurs qui se commandent réciproquement d’une rive à l’autre. Cependant le plateau de Haye domine nettement Nancy et forme l’avancée de Toul. Les hauteurs se relèvent en arrivant à Epinal. On entre dans le Vosges. Mais, le long de la rive gauche, les contreforts des Faucilles se terminent par des collines qui portent le nom de Hauts de Moselle et font face aux Vosges.

Le barrage fluvial Meuse et Moselle trouvait donc un renfort dans le relief de ses rives. Et il est triste de constater qu’en 1870 notre état-major semblait ignorer la valeur, stratégique et tactique de ces positions. Aucune résistance ne fut organisée après les échecs de Forbach et de Frœschwiller. Ni les Vosges, ni le Grand Couronné de Nancy, ni les hauteurs de la Moselle, ni les Côtes lorraines ne servirent de repli à nos armées en retraite. L’armée d’Alsace s’en alla en déroute d’une traite au camp de Châlons où l’attirait le souvenir des manœuvres annuelles, tandis que l’armée de Lorraine se laissait enfermer et bloquer à Metz… L’armée de Châlons dériva vers le gouffre de Sedan.

Le général de Rivière n’eut garde de négliger les avantages que lui offrait le terrain. Entre Verdun et Toul, places principales transformées en puissans camps retranchés, il garnit les Côtes lorraines de forts d’arrêt surveillant à la fois la vallée de la Meuse et les routes d’accès de la Woëvre ; il formait ainsi ce qu’il appela une région fortifiée, interdisant de ce côté toute action offensive à l’ennemi tant que la région tiendrait. La route de Metz-Châlons-Paris était ainsi fermée.

Une deuxième région fortifiée fut organisée entre les camps