Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 43.djvu/401

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

assureront la bonne garde. Sans la définir borne par borne, il est facile de la tracer entre la Moselle et le Rhin. Mais, comme en toute délimitation, il y a le plus et le moins.

Le moins, c’est la ligne qui, partant de la Moselle, au Nord de Sierk, comme en 1789, va droit à l’Est, coupe la Sarre vers Merzig, laisse au Nord Birkenfeld, englobe Tholey, Saint-Vendel, près des sources de la Nahe, redescend au Sud par Hombourg, Deux-Ponts, pour retrouver l’ancienne limite de 1799 et 1814, avec Landau, et aboutit au Rhin, à Gemersheim, Ainsi serait reconstituée la frontière de la monarchie, sur des noms réellement français, avec des villes longtemps occupées par la France et qui, en 1790, acclamèrent la Révolution. On pourrait aller plus loin sans violer le principe des non-annexions. On pourrait rappeler que les princes de Birkenfeld ont été des soldats de la France, qu’ils ont commandé des régimens qui se glorifiaient de s’appeler les Allemands-Français. On pourrait étendre les limites géographiques de la Lorraine jusqu’à Kaiserslautern, les portes impériales du Palatinat. Il importerait sans doute de tenir les routes de la Nahe, de la Lauter et de la Queich.

Mais comme il est certain que les garanties du traité de paix exigeront l’occupation prolongée des pays rhénans et des villes du Rhin, il n’y aura aucun désavantage à se maintenir sur la frontière que nous avons tracée largement… Tout au plus faudra-t-il dans le bornage assurer la possession de certaines positions et en particulier tenir sur la rive droite du Rhin pendant un certain temps les têtes de pont de Gemersheim et de Kehl dans un rayon à déterminer. L’essentiel est que toute nouvelle agression allemande soit enrayée, dès sa menace. Et comme il faut prévoir que l’occupation temporaire des pays rhénans cessera à une certaine époque, après paiement des indemnités réparatrices, le traité de paix devra contenir la clause essentielle, irréfragable, de la neutralisation militaire des pays de la rive gauche du Rhin. Elle est bien affirmée aujourd’hui dans l’opinion publique par cette formule, que nous avons été un des premiers à répandre : Plus un soldat allemand sur la rive gauche du Rhin !

Nous n’avons pas à discuter ici le régime politique et économique qui pourra convenir à ces pays, en particulier la libre navigation du Rhin jusqu’à son embouchure. Nous ne