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truite, avec des séries d’appareils nouveaux : petits biplans monoplaces (Albatros, Halberstadt, Fokker nouveau, Ago) avec moteur fixe de 165-175 HP (Mercedes, plus rarement Benz, Argus) et deux mitrailleuses fixes tirant à travers l’hélice. Ces escadrilles de chasse (Jagdstaffeln) sont essentiellement des instrumens de combat. Une Jadstaffel comprend 18 avions (parfois 22, dont 4 de rechange). En général, ces avions ne sortent pas isolément, tout au moins quand ils doivent franchir les lignes, mais travaillent par groupes (Ketten) de 5 appareils ; l’un d’entre eux qui remplit les fonctions de guide (Kettenführer) est monté par le pilote le plus expérimenté, indépendamment de son grade. La tactique allemande en aviation cherche de plus en plus à éviter le combat solitaire, à rechercher le combat par escadrille ou à surprendre en masse l’isolé, tel un vol d’éperviers contre un aigle.

Depuis le premier groupe de chasse autonome que nous ayons eu aux offensives d’Artois (mai 1915), — qui d’ailleurs n’agissait pas offensivement, se cantonnait dans les barrages, sur et souvent en arrière de nos lignes, — notre aviation de chasse a donc peu à peu secoué les préventions. Elle ne s’est pas aussi vite perfectionnée que notre aviation de corps d’armée, si utile au cours de l’offensive de Champagne (septembre 1915). Mais il a été admis que le combat aérien ne devait pas être considéré comme un résultat du hasard, qu’il était inévitable, qu’il constituait une protection d’abord, et qu’il pouvait être ensuite une gêne efficace pour un ennemi à qui l’on interdisait les incursions sur notre domaine aérien. La prochaine offensive allemande, — celle qui devait s’exécuter contre Verdun, — était prévue. Le commandement avait organisé en conséquence le service de sûreté pour éviter les surprises, faire face sur le terrain des attaques, préparer l’entrée en ligne des unités de renforcement. Mais l’offensive de Verdun dépassa par sa violence les prévisions.

Nos escadrilles avaient rempli leur rôle d’éclaireurs avant l’attaque. Dès son déclenchement, elles furent débordées et numériquement impuissantes à remplir toutes les missions aériennes demandées. Les escadrilles de chasse ennemies, avec leurs séries nouvelles et leurs perfectionnemens, obtinrent pendant quelques jours la maîtrise absolue de l’air. Les nôtres furent jetées hors du champ de bataille, tandis que le canon les