Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 43.djvu/634

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et les 70 213 ouailles que possède aujourd’hui, dans l’Empire du Milieu, la Société des Missions étrangères, récompensent, au bout de trois quarts de siècle, l’apostolique impatience de Forcade et la patience de ses premiers successeurs.

L’Inde, enfin, a vu s’installer, durant la seconde moitié du XIXe siècle, nos prêtres des Missions étrangères : ils y avaient sous leur égide, en 1916, 341 436 catholiques ; et si vous ajoutez les grands et petits troupeaux évangélisés par nos Jésuites, par nos missionnaires de saint François de Sales, par nos Pères de Sainte-Croix, par nos Capucins, — 320 000 âmes à peu près, — et les chrétientés de Ceylan, filles de nos Jésuites et de nos Oblats de Marie Immaculée, — plus de 300 000 âmes, — voilà, dans l’ensemble, un million de catholiques, sur lesquels veille, dans l’Inde et dans Ceylan, l’apostolat français.

Le Père de Rhodes voulait des clergés indigènes : les Missions étrangères ont accompli son vœu. Leurs quarante-six évêques, pour régner sur 1 621 625 catholiques, chiffre total de leurs ouailles, disposaient en 1916 d’un double état-major : des missionnaires, au nombre de 1258, et puis, au nombre de 1 008, des prêtres indigènes ; il y avait, aux côtés de ce clergé, 3 278 catéchistes et 6 537 religieuses ; et 47 séminaires, avec 2 311 séminaristes, mûrissaient l’avenir religieux de cette Asie où le sacerdoce catholique est surtout représenté par nos Missions étrangères, et qui est d’ailleurs, sur terre, le seul royaume qu’elles recherchent.

Les Lazaristes, eux, comme au temps de Monsieur Vincent, gardent une variété plus grande de points d’attache. La Chine, où nous les avons tout à l’heure rencontrés, n’absorbe pas tous leurs effectifs. En deux points du monde, aux abords de 1840, ce fut la science française qui leur fraya les voies. Le linguiste Eugène Bore, qui devait plus tard entrer dans leur compagnie et devenir leur supérieur général, leur suggéra de venir en Perse : ils entreprenaient bientôt, dans leur séminaire de Khosrova, la formation d’un clergé indigène ; et, depuis plus de soixante ans, Arméniens et Nestoriens de Perse peuvent s’enquérir, auprès d’eux, de ce qu’est l’Eglise de Rome. Deux explorateurs scientifiques, les frères d’Abbadie, voulurent des Lazaristes en Abyssinie, comme Boré les voulait en Perse ; l’Italien Justin de Jacobis posa là-bas les assises d’un clergé indigène, contre lesquelles ne put prévaloir une atroce persécution ; la