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mission de Lazaristes dont il était la gloire devint en 1865 purement française ; et tandis qu’elle se tient aux approches de l’âme copte et règne sur 25 000 catholiques, les Capucins de France et leurs 17 000 fidèles, non loin de là, chez les Gallas, exécutent une autre portion du programme d’évangélisation jadis dessiné par les deux frères d’Abbadie.

Les Lazaristes, encore, depuis 1896, partagent avec nos Jésuites, nos Pères du Saint-Esprit et nos missionnaires de la Salette, les 261 000 catholiques que compte actuellement l’île de Madagascar, terrain difficile, où les confessions chrétiennes s’entre-heurtent. Un joli mot de Monsieur Vincent, envoyant autrefois à Madagascar un bon frère lazariste qui était chirurgien, demeure susceptible d’amortir à l’avance bien des chocs. « Il est à souhaiter, lui écrivait-il, que, dans les services que vous rendez à Dieu sur le vaisseau, vous ne fassiez point acception de personne, et ne mettiez pas différence qui paraisse entre les catholiques et les huguenots, afin que ceux-ci connaissent que vous les aimez en Dieu. J’espère que vos bons exemples profiteront aux uns et aux autres. »


VIII

Dans le Levant méditerranéen, sur lequel déjà, du temps de Monsieur Vincent, Messieurs de la Mission gardaient les yeux fixés, leur besogne est active. Là comme en Chine, ils prirent, à la fin du XVIIIe siècle, la succession des Jésuites. Ils étaient d’avance outillés pour seconder Rome, à l’heure où le Pape Léon XIII, aspirant à réunir à l’Eglise romaine les « frères séparés, » insista pour certaines méthodes de rapprochement. Nos Lazaristes de Galata avaient, au début du XIXe siècle, enveloppé de leur sollicitude les âmes frileuses des Arméniens unis, avant que la Porte n’eût permis à ces âmes de s’émanciper officiellement du patriarcat grégorien. Nos Lazaristes de Santorin avaient gardé contact, sans relâche, avec les populations grecques de l’Archipel, unies ou séparées. Nos Lazaristes de Monastir, — rameau de nos Lazaristes de Salonique, — épiaient, depuis 1857, chez les Bulgares de Macédoine, l’interminable alternance entre le flux d’aspirations qui paraissait les ramener vers Rome et le reflux de susceptibilités qui derechef les en éloignait. La fondation, en 1885, de leur