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Toujours les mêmes, sinon même plus ardens, puisque l’œuvre missionnaire de la France au XIXe siècle fut plus riche et plus diverse encore que celle qu’elle accomplit au XVIIe. Aux abords de 1900, on constatait que sur un peu plus de cent congrégations catholiques, masculines ou féminines, dévouées à l’apostolat, il y en avait, tout bien compté, une demi-douzaine d’allemandes, et quatre-vingts au moins d’origine française ; quant au catholicisme autrichien, la Propagande attendait toujours qu’il justifiât par de plus amples efforts d’apostolat le beau titre d’apostolique dont son empereur se décore. On calculait aussi que nos catholiques, deux fois plus nombreux que ceux d’Allemagne, expédiaient aux missions sept fois plus de prêtres et dix-sept fois plus de religieuses que les régions d’outre-Rhin, et qu’en face de nos prêtres et de nos religieuses qui pensaient avec l’apôtre Paul que mourir était un gain, l’Allemagne, elle, obsédée par d’autres gains, était surtout soucieuse d’expédier dans le monde des voyageurs de commerce. On observait qu’à ces Françaises du XVIIe siècle, une Marguerite Bourgeois, une Jeanne Mance, magnifiques figures de femmes qui dans notre Canada se faisaient les auxiliaires de notre pénétration chrétienne, avaient succédé durant le XIXe siècle d’innombrables essaims religieux de femmes françaises ; que partout, derrière les Lazaristes, les filles de Monsieur Vincent révélaient au monde, par l’inclinaison de leur cornette vers toutes les misères, l’élément social et humain de la prédication du Christ ; qu’elles-mêmes avaient eu leurs martyrs ; et que la Chine des Boxers procurait la même gloire sanglante à nos Franciscaines missionnaires de Marie, ordre tout neuf et singulièrement vivant, né sur terre de France, et qui depuis quarante ans a su recruter, chez nous et au dehors, quatre milliers de vocations. On calculait enfin que les trois quarts des prêtres, frères et religieuses, affectés aux missions par les diverses nationalités, étaient originaires de France, et que la France pouvait revendiquer les cinq sixièmes des martyrs.

A peine ose-t-on rappeler, après de pareils chiffres, que sous la Restauration deux initiatives isolées, prises par de pieuses Lyonnaises, aboutirent à la fondation de la Propagation de la Foi ; et que cette œuvre, en 1911, sur les sept millions de francs qu’elle récoltait dans l’univers pour les missions, trouvait chez nous plus de trois millions, sans nul préjudice pour le Denier