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À la différence des nations d’Europe, comme la France, la Belgique ou la Russie, les États-Unis n’auront pas connu chez eux les horreurs de la guerre avec ses destructions, et la paix les retrouvera tout prêts à reporter sur un autre champ leur admirable esprit d’entreprise. Ils ne seront pas tributaires de l’étranger, à l’égal des autres peuples, pour leurs approvisionnemens, puisqu’ils détiennent les plus grands stocks de matières premières dans tous les genres : charbon, fer, pétrole, coton, cuivre, etc. et les principales denrées d’alimentation telles que le blé et la viande, tous articles que l’Europe doit, au contraire, venir chercher en Amérique pour combler les insuffisances de sa production.

Enfin, et ceci est le grand fait que nous devons retenir ; puisqu’il rentre directement dans notre sujet, les États-Unis ne seront pas appauvris par la guerre, quelle que soit l’énormité de leurs charges navales ou militaires, car ils auront dépensé, sur leur propre sol, un argent emprunté exclusivement dans le pays. L’État aura pu se charger d’un énorme budget de guerre, et la richesse publique ou privée subir des transformations profondes ; il n’en est pas moins vrai que, n’ayant pas de dette extérieure qui pèsera sur leur situation monétaire, et le change étant constamment soutenu par une balance commerciale favorable, les Américains resteront les maîtres dans la lutte économique et financière.

L’heure n’est pas encore venue de mesurer ce que sera, dans cette lutte, l’effort à faire par nos nouveaux alliés. Nous pouvons seulement constater dès aujourd’hui que, pour leur coup d’essai, ils annoncent une mobilisation de milliards, qui montre combien les États-Unis voient grand en toute chose. Douze milliards de dollars engagés jusqu’au 30 juin 1918, soit près de 70 milliards de francs, sans compter les prêts aux Alliés prévus pour un montant de 7 milliards de dollars, telle est la première mise, inscrite au budget américain par le Secrétaire du Trésor, avec l’approbation du Congrès.

Pour parer à ses dépenses, le gouvernement vient de réaliser, à trois mois d’intervalle, deux grands emprunts, l’un en juin de 2 milliards de dollars, au taux de 3 et demi p. 100 l’autre en octobre, de 3 milliards 800 millions de dollars, au taux de 4 p. 100, qui ont eu l’un et l’autre un grand succès, surtout si l’on tient compte de leur taux très modéré, dans un pays où le