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semblent s’ajouter, après un long silence ou un calme relatif, la région de Nancy et la Haute-Alsace. De temps en temps, une pointe rapide dans la tranchée d’en face, afin de ramener des prisonniers et de s’éclairer ; partout, de grands travaux, défensifs ou offensifs ; des précautions multipliées, en regardant, en écoutant venir l’heure du Destin, si cette heure doit sonner dans une suprême bataille. En Italie, où, le 1er janvier, les Autrichiens, chassés de l’anse de Zenson, avaient été obligés d’abandonner leur tête de pont et de se replier sur la rive gauche de là Piave, on s’est remis aussi à échanger, au plateau d’Asiago, au val di Brenta et dans les Giudicarie, ce qu’un communiqué du général Diaz appelle joliment «tiri di molestia, » des « tirs de gêne; » toute une semaine, la neige s’en est mêlée, a même momentanément aveuglé les batteries lourdes et paralysé les avions ; et, sauf des rencontres de patrouilles, il n’y a eu d’engagemens d’infanterie qu’autour du Mont Asolone et aux environs de Campo Sile. Le premier a été le plus sérieux ; les Italiens y ont fait près de 300 prisonniers, officiers et hommes de troupes. Le haut commandement ennemi se réserve-t-il ? Combine-t-il une attaque forte et puissante, qui coïnciderait avec la poussée, annoncée comme formidable, contre le front français, et serait ainsi une pièce du plan d’ensemble? Il se peut qu’il veuille en effet quelque chose de ce genre. Il se peut également qu’il ne puisse pas. Le mieux est de faire comme s’il pouvait et d’être prêt, sans cesse et sans lacune, en France et en Italie, à recevoir le choc et à tenir. Ce qui subsiste du front oriental, le front de Macédoine, sommeille, comme les nôtres, au bruit du canon ; mais il garde ses positions, et, dans les circonstances présentes, tant qu’il n’intervient pas un élément qui le ranime, cette espèce de faction vigilante est à peu près tout ce qu’on peut lui demander. En Palestine, l’armée anglaise avance de son pas lent et ferme, refoulant les Ottomans devant elle ; une récente dépêche la montre arrivée à une vingtaine de kilomètres au Nord de Jérusalem. Par son travail persévérant, non seulement la Ville Sainte est délivrée, la Terre Sainte le sera bientôt; mais l’Egypte elle-même est dégagée. Le résultat peut ne pas apparaître immédiatement dans toute son ampleur, mais il est immense.

Rayons de ce chapitre la Russie, qui n’existe plus militairement. Ce n’est pourtant pas qu’elle soit tranquille, et l’on serait même tenté de dire que le seul endroit où l’on ne s’y batte pas est la zone de guerre. Les provinces sont armées contre les provinces, les partis dressés contre les partis. Il ne s’écoule guère de jour sans que les rues