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18 février : « Vous n’avez rien combattu dans votre note ; elle ne fait que confirmer votre article. »

« Votre article, » c’est-à-dire l’article de Planche. Dans sa lettre, le poète semble supposer que Buloz a choisi Planche pour faire spécialement la critique de Chatterton, alors qu’en réalité Planche était chargé de la critique dramatique à la Revue des Deux Mondes depuis 1832 : à vrai dire, il s’en acquittait avec quelque sévérité. Voici la lettre d’A. de Vigny à F. Buloz :


A M. le directeur de la Revue des Deux Mondes.

« Je n’ai aucune colère, monsieur, et je vous réponds dans un calme parfait.

« Je prévoyais tout ce qui est arrivé ; seulement, j’ai voulu laisser aller tout le monde jusqu’au bout, afin de juger les amitiés par les faits, dans une occasion décisive pour moi.

« Il est très vrai que je vous ai dit de laisser faire celui qui voudrait me juger. Mais je n’ai jamais désiré que ce fût l’un plus que l’autre. C’était à vous de choisir, vous l’aviez fait depuis longtemps. Si l’on eût suivi mes désirs, que j’ai exprimés à M. Bonnaire, on n’eût fait aucun article sur Chatterton, comme on n’en a fait aucun pour Stello.

« Il est décent qu’un journal ne vante pas celui qui signe ses feuilles, mais il est incompréhensible qu’il l’attaque.

« Voilà pour le passé.

« J’attendrai l’avenir, comme je l’ai dit à M. Bonnaire, pour savoir ce que je dois penser de la résolution que vous dites avoir prise.

« Mille complimens empressés.

« ALFRED DE VIGNY[1]. »


Dans le numéro du 1er mars, autre article affirmant le succès de Chatterton. « Le Chatterton de M. de Vigny obtient décidément, au Théâtre Français, un succès beaucoup plus grand que n’eussent permis de l’augurer les jugemens de la critique… Et avec tout cela la pièce a réussi. Le public a applaudi, il a fait mieux, il a pleuré, et il y retourne avec

  1. Inédite, le 18 février 1835.