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En 1909, 1910, 1911, de nouvelles alertes éclatent, provoquées, la première par les arrangement sino-japonais relatifs à certaines lignes ferrées, notamment à la ligne d’Antoung-Moukden, et par la proposition du secrétaire d’État fédéral M. Knox, d’internationaliser le réseau mandchourien, — la seconde par l’accord russo-japonais du 4 juillet 1910 sur les intérêts respectifs du Japon et de la Russie en Mandchourie, et par l’annexion définitive de la Corée, — la troisième par la conclusion en faveur de la Chine, au mois d’avril 1911, sur l’initiative des États-Unis, d’un contrat d’emprunt pour la réforme monétaire du Céleste Empire, et l’insertion dans ce contrat de clauses affectant certains revenus de Mandchourie en gage dudit emprunt. La susceptibilité, la nervosité causées par ces alertes sont vives, sinon entre les deux gouvernemens qui gardent tout leur sang-froid, du moins entre les deux peuples, et surtout dans la presse des deux pays. Chaque fois cependant, après quelques semaines ou quelques mois d’agitation, l’émotion s’apaise, l’atmosphère s’éclaircit. Le gouvernement japonais, faisant exception à la règle générale qu’il avait adoptée, avait consenti, le 5 mai 1908, à signer avec les États-Unis une convention d’arbitrage. Lors des négociations entreprises par le Japon en 1911 pour le renouvellement de ses traités de commerce sur la base de la stricte réciprocité, le traité avec les États-Unis, considéré comme le plus difficile à conclure, fut cependant le premier signe, et le plénipotentiaire japonais obtint d’éliminer du nouvel instrument un article de l’ancien traité relatif aux règlemens d’émigration et de police, qui blessait l’amour-propre nippon. Dans cette même année 1911, le 13 juillet, le gouvernement japonais renouvelait et prorogeait son traité d’alliance avec la Grande-Bretagne : une clause spéciale, insérée sur le désir du gouvernement britannique, y stipulait qu’au cas où l’une des deux hautes parties contractantes conclurait un traité d’arbitrage avec une tierce puissance, ladite partie n’aurait pas l’obligation d’entrer en guerre contre la Puissance avec laquelle le dit traité d’arbitrage serait en vigueur. La Grande-Bretagne avait ainsi, avec l’agrément du Japon, signifié sa résolution de ne pas s’exposer à un conflit avec les États-Unis, avec lesquels elle négociait précisément alors un traité d’arbitrage général.

La révolution chinoise, si elle fut, au mois de septembre 1911,