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réassumait la présidence du Conseil. Le premier acte de la République ainsi restaurée fut la proclamation de l’état de guerre avec l’Allemagne. La Chine était, cette fois, dûment enrôlée au nombre des Alliés. Toute l’Asie orientale, depuis le Siam jusqu’au Japon, faisait bloc avec les États-Unis contre les Empires germaniques.

De ce bloc de l’Extrême-Orient, les États-Unis sont la pierre angulaire et le ciment : sans eux, il n’eût pas tenu, il n’eût même pas pu être formé entre des élémens jusqu’alors réfractaires. L’Amérique recueille ainsi, pour le bénéfice de la cause commune, la récompense et le prix de la politique généreuse qu’elle a pratiquée à l’égard de l’Asie, et qui lui a valu, à l’heure grave où nous sommes, la confiance des plus vieilles nations de l’ancien continent d’où l’Europe elle-même est issue.


VI

Le Japon, pour reconnaître plus solennellement le rôle décisif assumé par les États-Unis et accepté avec gratitude par tous les Alliés, pour mieux définir et consacrer sa propre liaison et le concert de son action avec celle de la grande République fédérale, a cru devoir, comme la France, comme la Grande-Bretagne, comme l’Italie, envoyer auprès du président Wilson une mission en ambassade extraordinaire. Il en a confié la direction à son ancien ministre des Affaires étrangères, à son ancien ambassadeur à Paris, le vicomte Ishii, accompagné de hauts représentans de l’armée, de la marine et de la diplomatie impériales.

La mission du vicomte Ishii s’est prolongée du mois d’août au mois de novembre 1917. Elle a reçu du président, du gouvernement, de toute la population, à l’Ouest comme à l’Est, à San Francisco comme à Washington et à New-York, l’accueil le plus chaleureux. Le vicomte Ishii fut acclamé dans les grandes villes, comme l’avaient été M. Viviani et le maréchal Joffre, M. Balfour et lord Northcliffe. De longs entretiens ont eu lieu à Washington entre l’ambassadeur extraordinaire, le président et les secrétaires du gouvernement fédéral. Les délégués de l’armée, de la marine et de la diplomatie impériales ont eu de même des conférences fréquentes avec les chefs de tous les grands services militaires, navals et administratifs de la