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proportions, en tenant compte des déchets, et par des mesures de laboratoire plutôt que par des calculs, — car l’expérience est Ici bien supérieure aux formules, — la valeur énergétique d’un très grand nombre d’alimens. Ces chiffres sont très variables ; à une extrémité on voit que cent grammes de pain produisent 250 calories utilisables, que cent grammes de beurre en produisent 750 ; à l’autre extrémité, nous voyons le lait, le vin et divers légumes et fruits qui en produisent environ de dix fois moins.

L’expérience a montré qu’il faut en moyenne fournir à l’adulte bien portant sous forme d’alimentation environ 2 500 calories par jour (de quoi élever de 1 degré la température de 2 500 litres d’eau).

Il y aurait grand intérêt à l’heure actuelle à ce que chaque maîtresse de maison, petite ou grande, affichât dans sa cuisine ces tableaux qui indiquent la Valeur nutritive en calories utilisables de chacun des alimens usuels. Au bout de peu de jours, elles auraient vite fait de se mettre dans la tête des notions fort importantes pour elles.

Mais ce n’est pas tout ; à côté de la valeur nutritive des divers alimens qui ne varie pas, il y a à considérer leur valeur Vénale qui, elle, est très variable. Autrement dit, à côté du nombre de calories fournies pas 100 grammes d’un aliment donné, il faut considérer le prix de ces 100 grammes. On en déduira les prix de la calorie suivant qu’elle est fournie par tel ou tel aliment, et on aura un nouveau tableau, le plus instructif de tous, pour l’économie domestiqué. On pourra d’ailleurs le modifier continuellement suivant les fluctuations des cours des denrées, par une simple règle de trois.

Je m’excuse d’entrer dans ces infimes détails ; mais c’est de leur diffusion dans le public, c’est de la notion exacte des règles qu’ils enferment, que dépend aujourd’hui pour beaucoup, la résistance victorieuse du pays tout entier.

En disant qu’il faut 2 500 calories journalières à l’homme adulte, je n’ai voulu exprimer qu’une moyenne ; il y a en ce domaine comme dans tout ce qui touche à cette chose insaisissable, la vie, des cas nombreux qui échappent, on ne sait pourquoi, à la tyrannie des chiffrés ; il y a, comme disent ces messieurs de la Faculté, des idiosyncrasies. Et puis, l’adulte qui travaille a besoin de plus d’énergie, et parlant de plus de calories nutritives que celui qui est au repos. C’est ainsi que le professeur Armand Gautier, qui est aujourd’hui la principale autorité de notre pays en ces délicates questions, a établi que la ration alimentaire de l’homme qui fournit un travail fatigant