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doit être environ une fois et demie plus forte que s’il ne travaillait pas, et être par conséquent de 3 700 calories en moyenne…

Ceci dit, si à la lumière des notions précédentes, nous essayons de calculer, ce qui est facile, la ration alimentaire habituelle de chacun de nous, nous voyons immédiatement que la plupart des gens, surtout dans les classes riches, mangent, et surtout mangeaient avant la guerre, beaucoup trop.

Les restrictions alimentaires auxquelles la guerre a obligé la plus grande partie du public, en ce qui concerne particulièrement le pain, le sucre, les pâtisseries, substances très nourrissantes, en ce qui concerne aussi les alimens devenus peu abordables par leur prix et leur rareté (gibier, certains poissons), auront eu finalement, j’en suis convaincu, une influence heureuse sur la santé générale. Il est probable, d’ailleurs, que la même chose s’est produite de l’autre côté de la barricade, et je ne serais point surpris que le blocus alimentaire de l’Allemagne se fût traduit chez beaucoup de nos ennemis, — très gros mangeurs comme on sait, — par une amélioration de leur santé.

Pour ce qui est de Taris, en tout cas, la chose parait nettement démontrée par les statistiques municipales. Celles-ci, pour les semaines de la plus grande partie de 1917, manifestent une mortalité moyenne nettement inférieure à celles des semaines correspondantes des cinq années précédentes. La discussion montre qu’on ne saurait attribuer cette différence à une diminution de la population parisienne, et qu’elle ne peut provenir que des restrictions alimentaires qui ont beaucoup diminué les maladies causées par la surnutrition, des changemens d’habitudes qui ont abrégé les soirées et obligé les Parisiens à se déplacer plus souvent à pied et sans doute aussi de l’heure d’été aux bienfaisans effets hygiéniques.

Pour ce qui est des restrictions alimentaires, il est probable que nous ne sommes pas au bout de celles qu’il nous faudra subir encore. Il faut espérer du moins qu’en les imposant à la population, notre administration saura se garder des méthodes inutilement autoritaires qui lui sont trop habituelles et dont l’efficacité est douteuse, et qu’elle s’inspirera de l’exemple donné à cet égard par le gouvernement anglais qui a institué le noble et intelligent système des « restrictions volontaires. »

Justement, une très intéressante étude de M. La Touche paraît en ce moment dans le Bulletin de la Société d’Hygiène alimentaire, sur la façon dont a été abordé le problème de l’alimentation de guerre en Angleterre. On y trouvera des indications, frappantes et