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la nature de l’homme et celle des animaux, les diverses combinaisons des nombres et leurs formes variées. Il enseignait à calculer d’une manière certaine le retour solennel de Pâques, et surtout il découvrait les mystères des Saintes Écritures. »

Quatre siècles plus tard, vous nous donniez un évêque pour le siège de Chartres, et les principaux du chapitre de cette ville, qui étaient le doyen, le chantre et le chancelier, traversaient la mer, pour demander à l’évêque de Cantorbéry de délivrer à Jean de Salisbury ses lettres dimissoriales. Toute une élite de jeunesse anglaise recevait l’éducation dans nos Universités de France alors en pleine vie. Dans un livre intitulé la Faculté de théologie de Paris, par l’abbé Ferret, un chapitre est consacré aux docteurs séculiers anglais du XIIIe siècle. Dans un autre chapitre, les noms de Laurent l’Anglais, de Roger Bacon, de Richard de Middleton, reviennent à chaque page. Nos registres ont gardé le nom et le souvenir de ces élèves fameux, et aussi de professeurs qui venaient occuper des chaires soit dans l’Université de Paris, soit dans celles de province. Je recevais à ce sujet, tout récemment, une lettre de Mgr Henri Pasquier, recteur de l’Université catholique d’Angers : « Savez-vous, me disait-il, que vous comptez, dans votre Faculté de Droit d’Angers, un professeur écossais de grand renom ? Ce professeur s’appelait Guillaume Barclay. Il enseigna pendant quatre ans à Angers, sous Henri IV. Il appartenait à la plus haute noblesse d’Écosse, et avait fréquenté la cour des Stuarts, avant de venir en France. Vers l’âge de trente ans, il vint à l’Université de Bourges, étudier le droit. Cujas fut son professeur, et présida la soutenance de sa thèse de doctorat. Comme il était bon catholique, un de ses oncles, le Père Hay, jésuite, le fit venir en Lorraine, où il devint professeur à l’Université de Pont-à-Mousson, fondée par la Compagnie de Jésus. Sa réputation de jurisconsulte vint jusqu’à Angers. Les hommes de lettres les plus considérables de notre cité ambitionnèrent d’avoir Barclay dans leur Université. Ménage, Dupineau et Pierre Ayrault firent instance près de lui, et lui obtinrent une chaire de droit dans la Faculté angevine. Le nouveau professeur eut un grand succès, et réunit un grand nombre d’étudians autour de sa chaire. On raconte qu’il allait, revêtu d’une robe magnifique, accompagné de son fils, précédé de son bedeau, de deux valets, et qu’il portait au cou une chaîne d’or, présent