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du roi d’Angleterre. Il donnait sa leçon au collège Saint-Pierre. Dans cette vieille Université, les professeurs enseignaient dans les différens collèges, comme on le fait encore à Oxford. Il publia plusieurs ouvrages considérables : l’un, De Papæ potestate ; un autre, De Rege et regali potestate. Il avait conquis une situation considérable par « son mérite, capacité, science et bonne vie, » dit un contemporain. Il était très aimé des pauvres, à cause de sa générosité. A sa mort, on lui fit des funérailles très solennelles dans l’église des Cordeliers. Quant à son fils, qui retourna en Angleterre, il publia des ouvrages de polémique qui eurent une grande célébrité. »

Nos érudits font chaque jour quelque découverte dans ces annales religieuses de la France et de l’Angleterre ; une des dernières m’a été racontée par un savant bénédictin de mes amis. Vous avez eu, en Grande-Bretagne, au XIVe siècle, une école mystique dont vous avez raison d’être fiers. Elle eut, pour représentans principaux, Richard Rolle, Julienne, la recluse, et ce fameux personnage, Walter Hilton, auteur de la Scala perfectionis, à qui, longtemps, fut attribuée l’Imitation de Jésus-Christ. Eh bien ! d’après un manuscrit de la bibliothèque de Marseille, Walter Hilton était, lui aussi, docteur de notre Université de Paris.

Si l’on rassemble les traits de ces âges anciens, on remarquera, entre la France et l’Angleterre, la communication des pensées les plus hautes ; une foi commune se traduisant de mille manières ; une France qui fut initiatrice de la vie monastique de vos premiers temps et qui, dans la suite, eut l’honneur de voir beaucoup d’Anglais, parmi les plus illustres, fréquenter ses écoles ; une Angleterre généreuse et ardente, marquée déjà dans ses lois, dans ses mœurs, dans ses vertus, dans ses jeux, d’un grand caractère d’originalité. Le comte de Montalembert a pu écrire ; de cette époque la plus ancienne de ce qu’on peut appeler l’histoire lumineuse, ces mots très justes : « Tout ce que le monde moderne admire ou redoute, recherche ou repousse, dans l’Angleterre d’aujourd’hui, tout cela se retrouve en germe ou en fleur dans l’Angleterre d’il y a douze siècles. Jamais nation n’a été moins entamée par le temps ou par la conquête. » Ajoutez à cela une sorte de penchant très marqué les uns pour les autres, de courtoisie réciproque, dont j’ai donné quelques exemples, et vous conclurez