Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 45.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

engage la lutte contre les révolutionnaires raniment dans les pays étrangers, et notamment en Russie, la confiance ébranlée, et de nouveau le gouvernement russe devient bienveillant pour notre pays. Alexandre intervient pour faire rendre à la France les prisonniers français restés en Allemagne et qui contribueront à vaincre l’insurrection.

Elle est écrasée lorsque, au commencement du mois de juin, Gabriac va quitter Saint-Pétersbourg ; l’Empereur lui fait alors l’honneur de le recevoir.

« La France, remarque-t-il, n’a pas à se plaindre de moi depuis qu’elle a un gouvernement régulier. Je n’ai qu’un désir, c’est d’entretenir les meilleurs rapports avec elle. J’honore dans M. Thiers la personnalité d’un grand citoyen qui se dévoue avec un courage au-dessus de tout éloge à la mission de sauver son pays. Ce que vient de faire votre gouvernement pour réprimer l’insurrection lui assure ma sympathie et celle de tous les honnêtes gens. Avec les moyens dont il disposait, il ne pouvait aller plus vite, tout le monde doit le reconnaître. »

C’est en ces circonstances que, de 26 juillet, le général Le Flô arrivait à Saint-Pétersbourg après s’être arrêté successivement à Bâle, à Munich, à Vienne, à Varsovie et avoir recueilli partout de la part des personnages les plus éminens les preuves non équivoques des sympathies que la France conservait dans le monde. Le 4 août, il était reçu par l’Empereur et par l’Impératrice à Tsarskoïé-Sélo, très simplement et sans apparat, « en sorte d’audience privée sans la cérémonie des carrosses de gala. »

« C’est pour vous témoigner de plus d’empressement à vous voir, lui dit l’Empereur. Vous nous connaissez déjà ; vous avez connu mon père et nos rapports en seront plus faciles. »

En remerciant l’Empereur de son accueil, le général lui donna l’assurance que tous ses efforts tendraient à les rendre confians et amicaux. Ses instructions le lui prescrivaient et il y était porté par le souvenir de la bienveillance dont il avait été antérieurement l’objet en-Russie.

« Rien ne peut être plus utile à la France, à la Russie et à l’Europe elle-même, déclara-t-il, que de bons rapports entre nos deux patries.

— Vous avez raison, déclara l’Empereur, l’entente entre nos deux pays importe à l’intérêt de tous les États de l’Europe et il ne dépendra pas de moi qu’elle ne soit bien maintenue. Je vous