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entrèrent dans Guillemont, mais durent se replier, faute d’avoir pu enlever les tranchées à gauche et à droite du village.

Attaquer directement Guillemont était d’autant plus naturel que ce village commande le terrain qui est au Sud. En le prenant d’abord, on facilitait donc beaucoup l’opération dans les autres secteurs. Mais quand il apparut que cette opération était irréalisable, on renversa le plan ; et on décida de procéder par une série de progrès combinés, avec les Français, en commençant d’abord plus à droite, dans le secteur français, sur Maurepas.

L’attaque française sur Maurepas, menée par le Ier corps, eut lieu le 12 août. Un brillant combat nous donna toute l’agglomération Sud du village, avec le cimetière et l’église, emportés par un bataillon du 9e zouaves. Plus au Sud, le front, tenu par des Alpins, fut avancé sur les pentes Sud de la cote 100. Plus au Sud encore, la croupe à l’Ouest de Cléry fut prise, et le front vint s’appuyer à la Somme, en face de Buscourt. Cette croupe à l’Ouest de Cléry était défendue par deux lignes de tranchées, dites tranchées Heilbronn. Elle fut attaquée par le 170e d’infanterie, colonel Lavigne-Delville. Le régiment entra en ligne dans la nuit du 11 au 12. Le 12, à trois heures de l’après-midi, un peloton enleva d’assaut un premier point d’appui, une ferme isolée, dite ensuite ferme Ladevèze, à l’Est de la ferme de Monacu, d’où l’ennemi pouvait prendre l’attaque dans le flanc droit. A trois heures trente, nouvelle opération préparatoire ; à la droite, la parallèle de départ était à 600 mètres de la tranchée allemande ; on croyait le terrain libre ; mais un observateur y aperçut, dans les hautes herbes et les marécages de la vallée, des têtes d’Allemands, à 150 mètres de nos lignes ; des coups de fusil partirent de ces herbes. Il fallait aller voir ce qui s’y cachait. Le lieutenant Besançon part avec une section, tombe sur un parti allemand trois fois plus nombreux, caché dans des trous couverts de paquets d’herbes et camouflés de toiles vertes. Il en massacre une partie et ramène le reste, quatre-vingts prisonniers. Enfin l’attaque principale se déclenche à dix-sept heures quinze, et la tranchée Heilbronn est prise. A la droite, tout près de la Somme, il avait fallu enlever le bois Gâchette, par un terrain coupé et marécageux. Un combat furieux s’engagea à la lisière Ouest du bois. Une mitrailleuse allemande tirait de la corne Nord-Ouest ; le soldat