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artificiels pour masquer l’attaque, escadrilles de torpilleurs dans les rangs desquels nous sommes heureux de voir des bâtimens français, canots automobiles, etc. etc. tels sont, dit un de nos meilleurs écrivains maritimes, M. Marc Landry, les moyens d’une extraordinaire multiplicité mis en œuvre pour cette opération. »

On remarquera sans doute, dans cette énumération, l’absence des appareils aériens. Ce n’est pas que la mise en jeu de ces moyens d’action ne fût prévue, mais le temps, très pluvieux et brumeux, — « un temps bouché, » suivant l’expression favorite des marins, — s’opposa a leur emploi. Peut-être y avait-il, là, une raison de remettre à une meilleure et prochaine occasion l’exécution du coup de main. Le chef de l’expédition ne crut pas devoir s’y arrêter, et l’on passa outre[1]

Cette détermination (dont il n’est pas possible de discuter le bien-fondé quand on n’est pas en possession des rapports officiels) allait avoir deux conséquences. En premier lieu, les bâtimens qui devaient obstruer le chenal du port d’Ostende ne purent trouver l’entrée de cette passe et s’échouèrent prématurément. Il résulte de là que les sous-marins de faible tonnage pourront encore prendre le large, en empruntant le canal de Bruges à Ostende. En second lieu, les feux des canons de Zeebrugge et encore mieux ceux des mitrailleuses et pièces légères battant directement le môle n’ayant pas été contrebattus efficacement, les avaries des bâtimens d’attaque et surtout les pertes du personnel débarqué furent graves (près de 600 hommes en tout, dont 50 officiers). Il n’y eut, toutefois, qu’un « destroyer » anglais et quatre embarcations à moteur de coulés sur place.

Je ne crains pas de répéter, car je l’ai écrit déjà, ici même, dans mon étude sur l’attaque des côtes[2], qu’il est actuellement difficile de se passer du concours des avions de bombardement dans les opérations côtières. Ces appareils y doivent jouer le rôle essentiel qui était autrefois dévolu aux bombardes, dont les gros obusiers fournissaient des trajectoires de bombes à peu près verticales dans la dernière partie de la branche descendante. Et ceci ne veut pas dire que l’on puisse décidément se priver du secours des bâtimens plats dont l’armement répondrait à ce

  1. D’après certains récits d’allure officieuse, l’opération avait été déjà remise plusieurs fois, « à cause de la vigilance des patrouilleurs allemands. »
  2. Voyez la Revue des Deux Mondes du 15 septembre 1917.