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UN POÈTE SERBE

MILOUTINE BOÏTCH


En l’automne 1916, alors que la catastrophe serbe jetait dans le sein généreux de la France, les restes d’une jeunesse échappée aux hécatombes et au joug de la cynique Germanie, nos lycées, nos collèges, nos familles accueillirent, en un unanime élan, les milliers d’exilés.

L’amour de la justice qui vit en nos âmes latines s’était indigné de voir peser, sur la petite contrée à l’histoire glorieuse, une force brutale. Son rêve tenace de liberté, nous l’avions fait nôtre ; tant de bravoure, persistante au milieu de tant de désastres, tant de misère hautaine et d’irréductible foi soutenues à travers les siècles d’une oppression sans cesse secouée, jamais rejetée, nous semblaient mériter la réalisation d’une unité nationale si héroïquement voulue.

Après cela, comment le désir ne serait-il pas né en nous de connaître l’âme de cette jeunesse slave, désormais si intimement mêlée à notre jeunesse française, telle qu’elle s’exprime dans les chants de ses poètes ? Ici encore la sympathie entre les deux nations apparaît clairement. Toute la pléiade des poètes serbes modernes se réclama de nos maîtres français : MM. Jean Skerlitch, Slobodan Jovanovilch, Bogdan Popovitch, suivaient le sillage de nos