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dans la première ligne ennemie ; mais que c’est le mouvement de l’infanterie qui doit régler celui des barrages. Le dessein était évidemment d’éviter ces décollemens entre le barrage et l’infanterie, qui avaient été si funestes aux troupes britanniques dans certaines affaires des Flandres.


XIII

Les trois armées Below, Marwitz et Hutier formaient le 21 mars une masse de 61 divisions en ligne. Comment la concentration s’était-elle faite ?

De ces divisions, 25 tenaient normalement le secteur. Les 36 autres avaient été rassemblées à l’arrière, dans une zone Mons-Maubeuge-Lille-Avesnes-Laon. D’où venaient-elles ? Douze d’entre elles, prélevées sur toutes les parties du front, avaient été amenées par voie ferrée, et débarquées, du 6 février au 20 mars, sur des points variant de 16 à 64 kilomètres du front d’attaque. Les 24 autres, tirées des fronts voisins du front d’attaque, étaient venues par route.

Une fois arrivées dans leur zone de rassemblement, ces 36 divisions avaient été portées en avant, par des marches de nuit, afin de dissimuler le mouvement à l’adversaire ; et elles étaient arrivées, soit en ligne, soit en soutien immédiat, dans la nuit du 20 au 21, c’est-à-dire dans la nuit même qui précéda l’attaque.

L’examen des prisonniers a appris certaines particularités. On sut ainsi que plusieurs des divisions qui devaient attaquer avaient été préalablement mises au repos pendant trois ou quatre semaines. Pendant ce repos, elles avaient fait des manœuvres par petites unités, par bataillon ou tout au plus par régiment. Il n’est pas question de manœuvres par division. L’artillerie divisionnaire s’entraînait également. Elle a dû ensuite être envoyée d’avance sur le terrain, car aucun des prisonniers ne l’a vue en marche. Les troupes du génie ont également devancé l’infanterie. C’est ainsi qu’un prisonnier raconte avoir devancé de quatorze jours sa division à Prouville (Est de Quéant) pour préparer à l’infanterie des abris profonds de dix mètres ; celle-ci n’arriva que dans la nuit du 19 au 20. D’autres prisonniers parlent également d’abris profonds, aménagés à la hauteur des soutiens immédiats. Il y eut ainsi chez