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l’ennemi un singulier mélange d’audace et de prudence.

On a publié des extraits du journal tenu par un officier allemand de la 20e division, tué près d’Hébuterne le 6 avril. Ce journal nous fait assister pour ainsi dire aux préliminaires de l’action. Le 13 mars, à sept heures du soir, cet officier avait débarqué du train, avec son régiment, à Villers-Pommereuil. A huit heures du soir, il avait marché par Thulin et Quiévrain jusqu’à Onnaing, où il était arrivé à une heure du matin. Il était resté cantonné à Onnaing pendant quatre jours. Le 18, il fut mis au courant de la situation générale. Il apprit qu’il faisait partie de la XVIIe armée. Il ne savait pas le nom du commandant de l’armée [Olto von Below], mais le chef d’état-major était Krafft von Delmensingen, sous qui il avait combattu en Italie. La division faisait partie d’un groupe constitué par le IXe corps de réserve. De grandes masses de troupes devaient se porter en avant en trois armées. Des attaques devaient être lancées dans le saillant au Sud d’Arras, en trois points qui avaient reçu le nom de Michel Ier, Michel II, Michel III. On sait que Michel est le nom symbolique du soldat allemand. Le jour de l’attaque, que les Français appellent le jour J, était baptisé le jour Michel. L’attaque devait se faire face à l’Ouest en direction générale des ports de Boulogne et d’Abbeville, dans le dessein de séparer les Anglais des Français. Si la France est laissée à elle-même, elle en viendra promptement à un accommodement. Les coups doivent donc être dirigés contre les Anglais. L’action a été préparée si soigneusement que l’échec est pour ainsi dire impossible. Cependant il peut se faire que l’attaque soit arrêtée sur un point : on rompra immédiatement le combat sur ce point, et les troupes seront portées sur. un autre secteur.

La 26e division active, dont faisait partie cet officier, composait avec la 26e de réserve et la 236e un groupe, dit groupe Mars qui, placé au Nord du groupe d’attaque Michel Ier, devait en couvrir le flanc droit, et recevoir les contre-offensives de l’adversaire. « Nous avons, poursuit le journal, une quantité colossale d’artillerie à notre disposition. Par exemple, dans notre division, dont deux régimens seulement sont en ligne, nous avons 68 batteries et plusieurs centaines de minenwerfer de différens calibres. » Il dit ailleurs : « Notre artillerie est quatre fois celle de l’ennemi ; les tanks serviront à transporter l’artillerie lourde. Les gaz pourront être employés largement.