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Un immense matériel est préparé pour le passage des tranchées et des trous d’obus. Chaque compagnie a son tonneau d’eau. »

Le 18 mars, à huit heures du soir, le régiment fut rassemblé et commença à marcher avec l’armée, qui faisait ce soir-là sa cinquième marche de nuit. La section que commandait l’officier était forte de 40 hommes. Il marchait vers Cherizy, en passant par Valenciennes. On avançait en se gardant contre les avions britanniques, qui cherchaient les routes à l’aide d’obus éclairans. Tout le convoi suivait son chemin avec ordre. « C’est étrange, dit le journal, de penser à toutes les masses de troupes qui marchent ce soir vers l’Ouest, par toutes les routes, sur un large front. L’Allemagne en marche. »

L’officier arriva dans la nuit du 18 au 19 à Aveluy, ayant fait 20 kilomètres. Il se reposa pendant la journée du 19 et repartit à huit heures cinquante du soir pour Auberchicourt où il arriva à une heure du matin. On laissa le second échelon du train à Auberchicourt et les troupes repartirent le 20 à huit heures cinquante du soir pour Estrées (Sud de Douai) avec le premier échelon, c’est-à-dire les mitrailleuses légères, les munitions, les mortiers de tranchées et les services de signaux. Enfin le 21, à six heures du matin, le régiment vit sur sa gauche, dans le secteur Michel Ier, un barrage d’artillerie. C’était la bataille qui commençait.


XIV

La Ve armée britannique, commandée par le général Gough, avait en ligne, du Nord de Gouzeaucourt jusqu’à Barisis, quatre corps d’armée, formant douze divisions. Elle avait de plus deux divisions en réserve. Les corps d’armée étaient de la gauche à la droite : le 7e (Templeux-la-Fosse), le 19e (Catelet), le 18e (Ham) et le 3e (Ugny-le-Gai).

On savait que l’ennemi avait une grande concentration de forces devant l’armée ; mais il était impossible de savoir s’il comptait les jeter en avant par une attaque frontale, ou les faire appuyer au Nord et au Sud. Sans doute, on lui avait vu faire en janvier et en février d’énormes travaux. Il avait multiplié ses lignes de communications, ses dépôts de munitions, ses positions de batteries, ses aérodromes, ses hôpitaux. Enfin, il s’était flanc-gardé du côté du Sud contre une riposte possible