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LES
TCHÈQUES CONTRE L’ALLEMAGNE

Quand on dresse la liste, déjà longue et sans cesse accrue des peuples coalisés contre l’Austro-Allemagne pour la défense du droit et de la liberté, il en est un qu’on oublie presque toujours : c’est le peuple tchèque. Il n’est pas, — il ne peut pas être, malheureusement, — notre allié au sens légal et officiel du mot : mais, ce qui est bien plus précieux, il l’est de cœur, de volonté et d’action, par l’héroïsme du dévouement et du sacrifice. Peu de pays ont contribué plus puissamment, soit par une aide directe, soit en désorganisant et affaiblissant nos adversaires, à préparer notre triomphe. Cette nation, à laquelle ne nous attache aucun lien de chancellerie, n’en a pas moins sa place dans la vaste et fraternelle armée de la Justice, une place glorieuse, que nous voudrions tâcher ici de définir.

Nous ne mêlerons à cette recherche aucune arrière-pensée de controverse. Il y a dans le public français, nous le savons, des opinions fort divergentes sur la destinée future de l’Autriche-Hongrie et sur les revendications des Tchéco-Slovaques : de ces opinions, nous ne voulons aujourd’hui soutenir ni combattre aucune. Nous envisageons, non ce que demandent les Tchèques à l’Entente, mais ce qu’ils ont fait pour elle, — non leur programme politique pour l’avenir, mais leur rôle dans la guerre actuelle. Nous faisons œuvre d’historien, non de diplomate ou de polémiste. Toute notre ambition est de signaler à la reconnaissance française, en laissant parler les faits le plus possible, la belle attitude d’un petit peuple trop méconnu, qui, depuis bientôt quatre ans, lutte, souffre et meurt pour le même idéal que nous.