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homme qui n’a recueilli aucune succession, mais qui, sain de corps et d’âme, est prêt à travailler. S’il s’adonne à un métier manuel, il gagnera les hauts salaires qui sont aujourd’hui la règle. Pour peu qu’il manifeste d’heureuses dispositions, il sera encouragé, aidé, appuyé, de façon à obtenir rapidement un revenu suffisant. S’il a choisi une profession dite libérale, il sera vite à l’abri du besoin et verra s’ouvrir devant lui les perspectives des belles situations qui, dans le monde moderne, sont l’apanage de tout homme de valeur. Combien de fils d’ouvriers, de paysans, avons-nous vus parvenir aux postes les plus élevés dans les emplois publics, dans l’industrie, dans le commerce, dans la finance ! On affirmait jadis à nos conscrits que chacun d’eux avait dans sa giberne le bâton de maréchal de France. On peut dire aujourd’hui à chaque élève de nos écoles que son ambition a le droit de s’étendre à la carrière qu’il choisira et que, par son travail, il s’élèvera aussi haut qu’il le voudra.

Les ennemis du capital oublient que le premier, le plus assuré, le plus fécond de tous les capitaux, c’est l’homme lui-même, dont les bras et le cerveau enfantent des richesses. La plupart de celles dont la nature met certains éléments à notre disposition ne donnent leurs fruits que si elles sont exploitées par la main de l’homme, mise elle-même en mouvement par son cerveau.

Il serait temps de faire disparaître une bonne fois de nos discussions politiques et économiques, les attaques contre ce qui est le principe même de toute existence collective et individuelle. Il faut éclairer l’opinion publique et faire comprendre à chacun que sa vie dépend du maintien, au sein de la nation, des capitaux qui y existent sous des formes multiples, et que cette vie sera d’autant plus facile que des capitaux plus nombreux et plus considérables se formeront. Le jour où les masses populaires seront convaincues de cette vérité élémentaire, un pas immense aura été fait dans la voie de la paix sociale, de l’entente entre tous les citoyens. Leur collaboration harmonieuse résoudra alors bien des problèmes qui nous effraient. aujourd’hui, et dont nous ne trouvons pas la solution, parce que, nous n’avons pas le courage de dire au peuple la vérité, parce que, au lieu de louer ceux qui épargnent, nous semblons les blâmer, et qu’au lieu de les pousser dans cette voie par une