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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




De la reprise d’offensive que les Allemands préparent avec un soin minutieux, et dont la rage va sans doute être déchaînée incessamment, nous ne dirons qu’un mot : « Nous attendons, » ou plutôt nous dirons deux mois : « Nous avons confiance. » La grande bataille, si elle est aussi grande qu’elle s’annonce, apportera-t-elle ce qu’on s’est habitué à nommer « la décision ? » Il faudrait pour cela qu’elle fût très grande, et que le résultat en fût très clair, éclatant d’un côté, écrasant de l’autre, mais il faudrait de plus qu’il allât dans le même sens que les résultats partiels déjà acquis. Car il s’agit de décider non seulement de la victoire des Impériaux ou de la victoire de l’Entente en terre française, mais de fixer pour plusieurs siècles peut-être la figure de l’Europe et le sort du monde. Ce n’est pas une dernière bataille qu’il s’agit de gagner, c’est toute la guerre, et le tout de la guerre partout et pour tous. Il s’agit également de savoir si l’Occident, Belgique, côtes flamandes, départements français du Nord et de l’Est, deviendront tels que la mégalomanie allemande se les représente et voudrait les faire, et si l’Orient, pays détachés de la Russie, Roumanie, Serbie, régions plus ou moins voisines, puis le profond Orient asiatique derrière l’Orient européen, resteront tels que l’orgueil allemand s’imagine les avoir faits dès maintenant. Pour nous, nous l’avons affirmé ici le premier jour, et les Puissances viennent de le déclarer officiellement : ni en Orient, ni en Occident, il n’y a rien de fait. Nous tenons pour nul et non avenu tout ce qu’on a prétendu régler, trancher, arranger, combiner, composer et imposer sans nous. Les destinées de l’Entente, en Occident et en Orient, forment un seul bloc, solidaire, compact, homogène. Ce sont toutes nos fortunes ensemble que nous jetons d’un seul coup au jeu et au feu. Ou