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lui ai fait signer moi-même votre consultation, et nous allons voir à la faire signer à avec Mangin et à Pasquier.

« Je parlerai à Sosthènes pour Mme Jal, et vous promets de la faire travailler ; seulement qu’elle renonce à la Revue des Deux Mondes : dites-lui de se contenter de la Revue de Paris[1]. »

À ce moment, George Sand posait devant Calamatta. Celui-ci devait graver le portrait que F. Buloz avait commandé jadis à Delacroix. Ce portrait, très connu, la représente nu-tête avec un vêtement d’homme et une grosse cravate dénouée ; il devait figurer au frontispice, en tête de l’édition Bonnaire de ses œuvres complètes ; il devait aussi accompagner dans la Revue la publication du fragment de Lelia.

Et F. Buloz écrit à George en juin.

« À ce propos je vous dirai que Delacroix est bien mécontent de Calamatta pour cette gravure ; il se plaint de n’avoir pas vu du tout Calamatta, qui, dit-il, a voulu refaire son portrait ; je suis bien fâché de cela : Delacroix est un aimable homme, et je trouve que Calamatta a tort, il s’est servi du portrait de Delacroix, et il met sur sa gravure designato e inciso de Cal ! C’est désobliger bien gratuitement Delacroix, et nous brouiller, vous et moi, avec un homme qui a été obligeant avec nous. Je veux bien que C. se soit donné beaucoup de mal, qu’il ait fait un nouveau dessin, il n’en est pas moins vrai qu’avec plus de procédés, il aurait pu éviter de blesser Delacroix. J’avoue que je suis fort embarrassé vis-à-vis de celui-ci.

« Vous allez mieux, j’espère, ma femme ne va pas très bien, je la crois enceinte.

« Vous recevrez vos épreuves dans peu de jours. Puis celles d’André ; Simon est tout imprimé et prêt à paraître.

« Vous verrez que nous répondons assez bien à la Revue Britannique.

« Tout à vous,

« BULOZ, »


« Mes amitiés, je vous prie, à Dutheil et à Planet[2]. » Mais George se soucie fort peu de blesser ou non Delacroix. Elle a oublié les heures passées auprès de cet ami, précisément lorsqu’il peignait son portrait, aux jours cruels des ruptures

  1. Collection S. de Lovenjoul, 6 juin 1836, inédite.
  2. Collection S. de Lovenjoul, 15 juin 1836, inédite.