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c’est d’être lâche, et lâches sont ceux qui flétrissent le seul homme de cœur qui soit en France. Confessez pour votre honneur que vous ne lisez pas les articles qu’on vous fournit, et je dirai que vous êtes coupable de négligence seulement. Si je croyais le contraire, j’écraserais à jamais le fétu qui me sert à écrire, plutôt que d’écrire dans la Revue des Deux Mondes. « Adieu, mon cher ami, rien ne me fera changer d’avis.

« GEORGE[1]. »

C’est de la démence.


Mais le procès de George est plaidé pour la deuxième fois : « Mon procès se plaide après-demain, » écrit-elle le 28 juillet. « J’ai bon espoir, tout le monde est très bien en apparence pour moi. Mon adversaire n’a pas voulu d’arrangement… M. Raynal a été très bien pour moi. »

F. Buloz ne doute pas du succès, car il lui écrit à son tour le 27 :

« C’est hier que votre procès a dû être appelé : j’espère que vous l’aurez gagné, et que vous êtes enfin dégagée de toutes vos procédures.

« Vous savez la triste fin de Carrel ; Girardin avait tout arrangé, dit-on, pour amener Carrel dans le panneau ; il avait besoin d’un duel avec un homme comme Carrel, pour couper court aux terribles attaques dont il était menacé de toutes parts. Mais il a trop bien réussi ; la mort de Carrel l’étouffera.

« Girardin se faisait la main, dit-on, depuis dix jours ; et une coïncidence qui a contribué à amener Carrel à un duel, c’est qu’il recevait depuis quelque temps des lettres anonymes, où on le menaçait de faire sa biographie.

« Quand il a vu que la même menace lui était faite par le journal de Girardin, il a cru que les lettres venaient de la même source, et a jugé indispensable de se battre.

« C’est un grand malheur que Paris a vivement ressenti.

« Tout à vous.

« BULOZ. »

  1. Inédite, datée de la main de F. Buloz du 11 juillet 1836 (cette date du 11 juillet est celle de l’exécution d’Alibaud).