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Mulhouse ; l’abbé Sœhnlin, curé de Neuf-Brisach, député de Colmar ; l’abbé Winterer, curé de Mulhouse, député d’Altkirch et Thann : l’abbé Guerber, député de Guebwiller ; l’abbé Simonis, député de Ribeauvillé et Sainte-Marie-aux-Mines.

Pour le Bas-Rhin, MM. Lauth, protestant, le maire révoqué de Strasbourg, député libéral de Strasbourg-ville, « quelle figure énergique ! » remarque le même témoin ; le baron de Schauenbourg, député catholique et conservateur de Strasbourg-campagne ; Edouard Teutsch, député libéral de Saverne, Louis Hartmann, député catholique de Molshcim et Erstein.

Pour la Lorraine, outre Mgr Dupont des Loges, c’étaient MM. Pougnet, député catholique de Sarreguemines et Forbach ; Abel, député libéral de Thionville et Boulay ; Ch. Germain, député catholique de Sarrebourg et Château-Salins.

Ces hommes appartenaient aux milieux les plus divers ; croyances religieuses, opinions politiques séparaient beaucoup d’entre eux ; ils marchaient pourtant, en cette circonstance, étroitement unis ; un lien solide maintenait entre eux cette union : l’amour commun de la patrie perdue.

En entrant au Reichstag, le premier discours qu’entendirent ces malheureuses victimes de la guerre fut un discours où il n’était question que de paix. L’assemblée en était arrivée à la discussion du projet de réorganisation militaire présenté par M. de Moltke. En réclamant de nouveaux effectifs, de nouvelles baïonnettes, de nouveaux canons, c’est de paix, de paix encore, de paix toujours, que parlait le feld-maréchal, le grand organisateur de l’armée allemande : « J’espère, disait-il, que, non seulement nous conserverons la paix pendant une série d’années, mais que nous l’imposerons. (Cris : très bien ! dans la salle.) Peut-être alors le monde se convaincra-t-il qu’une Allemagne puissante au milieu de l’Europe est la plus grande garantie de paix. Mais, messieurs, pour imposer la paix, il faut être prêts pour la guerre[1]. »

Ah ! qu’il était « pacifique, » ce nouvel Empire créé à Berlin, sous les auspices de MM. de Moltke et Bismarck, pour le petit-fils de ces besogneux souverains du petit et pauvre électorat de Brandebourg, enrichis lentement, de siècle en siècle, par rapines successives, voleurs de territoires, voleurs de peuples,

  1. Stenpgraphische Berichte des deutschen Reichstages ; 2 Legislatur Période 1 Session 1874 ; Séance du 16 février.