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qui partait pour la Russie, convoqua les ingénieurs à l’hôtel du Rhin ; il se fit montrer les plans exécutés, discuta sur la façon dont il conviendrait d’exploiter le bassin, par entreprises fiscales ou concessions privées, et il pressa son administration de faire aboutir cette affaire… Le Conseil d’état et le Conseil des Mines se mirent aussitôt à l’étude, et en ce même mois de mai 1812, le Rapport et le Projet de Décret étaient prêts pour la signature impériale.

Il y a peu d’années, dans cet hôtel du Rhin (Rheinischer Hof) de Sarrebrück, on montrait encore, non sans orgueil, la chambre de Napoléon et la table sur laquelle avaient été étalés sous ses yeux et où il avait discuté les plans de prospection et d’exploitation du bassin minier de la Sarre

Or, tels étaient les services que Henri Böcking parut avoir rendus à la cause française, qu’il fut nommé officier de la Légion d’honneur, et que Napoléon lui fit cadeau d’une réplique de son buste en marbre par Canova. A cette époque, Böcking n’avait que vingt-huit ans.

Après les désastres de Russie et au lendemain de la bataille de Leipzig, Böcking, dont l’ardeur pour la cause française ne parut point se ralentir, signa, comme membre du Conseil municipal de Sarrebrück, une adresse à l’impératrice Marie-Louise, régente, où le Conseil proteste avec une énergie grandie par les circonstances, de son dévouement à l’Empereur et de son inaltérable fidélité. Mais dans le même temps, Böcking trahissait ; il était probablement affilié au Tuqtndbund. Toujours est-il que les événements de 1814 vont nous le montrer en relations suivies avec Blücher, Gneisenau, Müffling, de Wrede, Stägemann, Justus Grüner, et les autres chefs prussiens.


III

C’est chez Böcking, dans la maison Stumm, place du Château, que Blücher descendit, le 11 janvier 1814, lorsque, après avoir franchi le Rhin à Caub, dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, il arriva à Sarrebrück. Peu après, Justus Grüner, nommé gouverneur provisoire de nos départements rhénans envahis, se trouvant à Coblence, y reçoit la visite de Böcking, et, à dater de ce jour, ce dernier ne cessera point d’entretenir