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composaient la masse de la population. Il fut insinuant, pressant, solliciteur, prometteur ; il n’y eut ni manifestations bruyantes, ni bagarres. On paraissait aller au parti prussien comme a une cérémonie funèbre. L’ancien maire français Rupied s’étant retiré à Nancy, le nouveau conseil municipal allemand lui envoya une députation pour le remercier des services qu’il avait rendus à la ville de Sarrebrück et lui donner l’assurance que personne de ses partisans ne serait molesté.

Cependant, Bôcking se plaint au conseiller d’Etat Schwelzler, chargé d’organiser à la prussienne tous les services de la ville, qu’on l’accuse en toute cette affaire de travailler en vue d’enrichir la Compagnie Stumm et de tout mettre, à sa dévotion : « Je donne à Votre Excellence ma parole d’honneur la plus sacrée, écrit-il, que MM. Stumm ne recherchent en ceci aucun avantage ni directement, ni indirectement, et que je n’ai personnellement en vue que le bien public. » Puis, il fait allusion à l’Ecole des Mines de Geislautern, affectant de ne pas connaître le directeur français, l’ingénieur en chef Beaunier : « On a envoyé à Metz, dit-il, l’ingénieur… (nom illisible, à dessein) qui s’intitule scandaleusement ingénieur en chef et directeur de Geislautern, pour se concerter avec l’intrigant M. N. sur les mesures à prendre. Vraisemblablement ce dernier va partir pour Nancy dans des intentions perfides… » Dans une autre lettre à Grüner, Böcking déclare que c’est de Rupied que vient tout le mal. Bref, en voulant réfuter tous les bruits fâcheux qui circulent sur son rôle, Böcking ne fait que démasquer sa perfidie et révéler la fâcheuse opinion qu’on avait de lui et de ses intrigues intéressées.

Il ne cesse de s’agiter ; il écrit à tout le monde. Dans une lettre du 11 juillet à Hardenberg, il lui recommande de faire observer que les habitants de Sarrebrück sont semblables aux Prussiens par les mœurs, la langue, la religion, les sentiments. Enfin Böcking se-fait déléguer, avec le notaire Lauckhardt, par le Conseil municipal, pour aller porter à Paris la fameuse pétition du 11 juillet et la faire valoir auprès des négociateurs de la paix, comme étant l’expression des vœux de toute la ville. Böcking et son compagnon quittèrent Sarrebrück le 28 juillet.

A peine les deux délégués étaient-ils partis qu’un mouvement de protestation se manifesta dans la population sarrebrückoise contre eux et le rôle qu’ils s’attribuaient. Nous en