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Pour cela, avant de gagner Berlin, rendez-vous fut pris à Francfort-sur-le-Mein. En cette ville où avait été signé le traité de honte et commis le crime, il était juste que fussent en revanche émise la protestation et préparée la réparation.

Accompagné, comme secrétaire, de l’abbé Fleck, curé de Saint-Martin de Metz, et de M. Abel, député libéral de Thionville, Mgr Dupont des Loges quitta Metz le 11 février. Sur tout le trajet, à travers la Lorraine, les populations accouraient, guettant le passage et implorant la bénédiction de leur vénérable évêque. Le jour même les voyageurs arrivèrent à Francfort où ils retrouvèrent un autre Lorrain, M. Pougnet, député catholique de Sarreguemines et Forbach[1].

A la même date, quittaient Strasbourg les députés libéraux d’Alsace, Teutsch, Lauth et Hœffely qui, dès le lendemain matin jeudi, à Francfort, avaient un premier entretien avec leurs collègues lorrains, dans l’appartement de Mgr Dupont des Loges.

Le jeudi soir, arrivaient à leur tour tous les députés ecclésiastiques d’Alsace et, le lendemain vendredi, les quinze députés, réunis chez leur doyen d’âge, Mgr Raess, évêque de Strasbourg, inauguraient l’union des esprits et des cœurs en vue des luttes prochaines auxquelles ils se préparaient.

Partis pour Berlin le samedi, les députés français s’y logèrent par groupes : Mgr Dupont des Loges avec MM. Germain et Pougnet à l’hôtel de Russie ; Mgr Raess à celui de Rome, hôtels situés tous deux sur la célèbre avenue Unter den Linden, la plus « brillante » de Berlin. D’autres à l’hôtel du Rhin, dans la Friedrichstrasse.

Le dimanche 15, une dernière réunion préparatoire eut lieu dans l’appartement de Mgr Raess, à l’hôtel de Rome, où fut définitivement approuvé et signé par tous le texte de la protestation à formuler devant le Reichstag : puis on se sépara, chacun demeurant libre de s’aboucher, suivant ses opinions politiques, avec les membres des partis en lesquels on pouvait espérer trouver quelque sympathie et quelque appui : le Centre catholique, certains libéraux, les socialistes et les représentans des populations opprimées par la Prusse, les Polonais, Danois et Hanovriens.

  1. Abbé Félix Klein, op. cit.