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Bonnaire par un traité dont Michel de Bourges poussa George Sand à poursuivre la rupture.

Voici le jugement qui fut rendu par le Tribunal de commerce, le lundi 16 mai 1842 :

« Le tribunal fixe au 24 décembre 1841 l’époque à laquelle cesse la jouissance de Buloz et Bonnaire sur les ouvrages compris au traité verbal de 1835 en exceptant le roman de Lélia[1].

« Fixe au 24 juin 1842 le terme de leur propriété sur ce dernier roman.

« Dit que pour les ouvrages non compris au traité de 1835, la jouissance exclusive de Buloz et Bonnaire et de Magen et Comon, leurs ayants droit, cessera le 1er janvier 1843.

« Dit qu’il n’y a pas lieu d’accorder de dommages et intérêts à F. Buloz et Bonnaire pour la non-livraison d’EngeIwald.

« Condamne la dame Dudevant, par toutes les voies de droit, seulement, à payer à Buloz et Bonnaire la somme de 9 200 francs avec les intérêts du jour de la demande, etc. »

Les dépens étaient partagés entre les deux adversaires.

George Sand, entraînée par ses conseils, poussée par eux, ne remportait pas la victoire qu’ils lui avaient promise.


HORACE ET LA « REVUE INDÉPENDANTE »

Malgré le refroidissement que le procès aurait pu amener dans les relations de F. Buloz et de son collaborateur, ce ne fut pas le procès qui les sépara. Ce fut Horace et le refus d’Horace. Mais Charles de Mazade l’a écrit plus tard : « Comment Horace et le Compagnon du Tour de France eussent-ils pu être insérés dans la Revue ? Entre les emportements démocratiques de Mme Sand et l’esprit de ce recueil, l’incompatibilité était trop flagrante, et la force des choses amena la séparation. » Donc Horace déplut à F. Buloz, et cela ne me semble pas scandaleux. Mais cela sembla scandaleux à George Sand, qui reprocha à son directeur, et amèrement, d’être juste milieu, ministériel, que sais-je ? Elle dit : « Que me reprochez-vous ? je n’ai jamais changé. J’ai toujours aimé le peuple, haï et méprisé les

  1. Réimprimé par Bonnaire, pour la première fois en 1839 seulement.