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feuilleton. » et la Revue indépendante ? George elle-même, sa marraine, sa fondatrice, écrit : « Je ne connais plus personne à la Revue indépendante ; je ne sais même pas si elle existe encore, car je ne l’ai pas reçue depuis bien longtemps ; je suis donc indépendante d’elle à l’heure qu’il est. » Quelques années plus tard, elle avouera : « J’ai mis bien forcément de côté depuis longtemps le scrupule d’écrire dans des journaux et recueils d’opinions diverses. Et à l’heure qu’il est surtout, si je voulais ne vendre mon travail qu’à une journal qui représente mes idées, je n’en trouverais pas un seul existant[1]. »

Quant au théâtre, elle ne voulut pas alors en entendre parler.


« Mon cher Buloz,

« Ne me parlez pas du théâtre, même avec la bonne fortune du collaborateur dont vous me parlez, même avec une assurance contre tous les ennuis de la mise en œuvre d’une idée quelconque au théâtre… Je vous offre mon roman pour vous être agréable, car depuis un an je ne produis pas assez pour être en peine de mon débit. Depuis un an, je n’ai presque rien écrit. Mais je ne crois pourtant pas que nous puissions renouer des affaires ensemble, car vous me parlez de toujours, c’est-à-dire apparemment de quelque arrangement exclusif avec la Revue, et je n’ai pas la volonté de prendre un tel engagement. Je suis arrivée à cet âge où l’on donne son dernier coup de collier dans l’espoir de se reposer après, mais où l’on veut pouvoir changer de collier à chaque sillon[2]. »


MARIE-LOUISE PAILLERON.

  1. Inédite.
  2. Inédite, 14 décembre 1847. Collection S. de Lovenjoul.