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l’organe de son Parlement, après une discussion où partisans et adversaires d’une Belgique neutre auront fait valoir leur opinion dans le calme d’une assemblée souveraine.


La question flamande est mal connue hors de notre pays\ Des Belges en exil, Flamands et Wallons, la discutent avec passion, sans se préoccuper, me semble-t-il, d’éclairer le public étranger, qui n’y comprend pas grand’chose. Je voudrais essayer à mon tour de l’exposer en toute indépendance et telle qu’elle m’apparaît, heureux si je puis en même temps, apporter une contribution désintéressée à sa solution, qui est le commun désir (des esprits patriotes.

Les populations flamandes ont conservé à toutes les époques de notre histoire l’usage et le culte de leur langue. Campagnards et citadins n’en employaient pas d’autre entre eux pour exprimer leurs besoins et échanger leurs pensées. Au Moyen Age, dans le temps que les communes flamandes occupaient le premier rang de la civilisation par leur industrie et leur richesse, leur langue florissait avec leurs arts et leurs métiers. Quand la dynastie bourguignonne usa du français pour l’administration centrale de ses États des Pays-Bas, les provinces flamandes obtinrent d’elle le respect de leur langue maternelle, dont l’emploi resta libre devant les tribunaux. La souveraineté espagnole ne porta aucune atteinte à l’exercice de ce droit, mais, plus tard, les gouverneurs autrichiens obligèrent les échevinages flamands à se servir de la langue française. Celle-ci régnait en souveraine incontestée dans la société belge, comme dans la plupart des sociétés de l’Europe. Imposé aux provinces flamandes par la conquête républicaine et la centralisation impériale, le français fut relégué en 1822 par le gouvernement néerlandais, comme langue officielle, dans la partie wallonne, mais en Flandre même les couches supérieures demeurèrent profondément imprégnées de culture française.

Notre révolution de 1830 s’accomplit au nom de la liberté contre les tendances oppressives du gouvernement hollandais. Ne soyons pas surpris si, pour fortifier l’unité nationale, qui était le vœu unanime du pays libéré, les premiers gouvernements belges n’ont eu, comme organe de cette unité, qu’une seule langue officielle. Ainsi s’explique l’usage exclusif du