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division déjà est, plus au Nord-Ouest, aux prises avec l’ennemi : elle a trouvé les troupes britanniques qui, après avoir disputé avec courage le terrain à Villette, Brouchy, Cugny, se replient au Sud de Golancourt. Gamelin n’a qu’un régiment disponible, le 4e d’infanterie : il le jette, puis ses autres troupes, sur le front Flavy-Ie-Meldeux-Collezy, barrant la route de Ham à Noyon, sur une largeur de 16 kilomètres. Que pourra durer sur un front aussi étendu la résistance d’une seule division ? Mais Pellé a dirigé, au Nord-Ouest de Guiscard, la 10e division qui, dans la soirée, parvient dans la zone Freniches-Béthancourt et assure la gauche de Gamelin. Ainsi, le 23 au soir, les premières divisions du 5e corps sont en contact, — et en conflit, — avec l’ennemi du Sud de Tergnier au Nord de Guiscard ; mais, engagées dans le désordre d’une résistance échevelée, sur des positions inconnues, elles n’ont pu que courir au plus pressé. Le général Pellé travaille à mettre de l’ordre dans l’attaque.


VIII. — HUMBERT PREND EN MAIN LA BATAILLE

C’était le souci du haut commandement : la bataille était confuse : troupes anglaises dissociées, troupes françaises hasardées. L’armée Gough, appuyant à gauche, ne laissait dans la région que son 3e corps isolé et exténué. Il fallait décidément reprendre en main toute la bataille sur un large front. Elle allait être confiée au général commandant la 3e armée française.

Le général Humbert était, on se le rapPellé, en réserve, destiné à intervenir à un moment donné dans la bataille prévue. Dès le 22, le général Pétain, après accord avec le maréchal Haig, avait décidé que le général commandant la 3e armée (alors à Clermont) prendrait, le 23 à midi, le commandement de toutes les troupes alliées engagées entre Barisis et une ligne parlant du Nord du canal Crozat et courant du Nord-Est au Sud-Ouest par Ollezy, Golancourt, Freniches, Avricourt et Beuvraignes. En exécution de cet ordre, le 23, le général Humbert prenait la direction de la bataille : le corps Pellé passait sous ses ordres, le 2e corps de cavalerie lui allait être envoyé et les 62e et 22e divisions, en voie de débarquement, mises à sa disposition ; les divisions britanniques engagées devaient se rallier à son commandement. Et aussitôt partaient de Clermont les ordres nets et fermes qui ne cesseront d’en venir.