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gauche de Robillot ; la ligne s’organisait plus solidement ; un jour encore, et toute la ligne ferait barrage. L’ennemi alors, serait contraint de refluer vers l’Amiénois et la situation serait, entre la Picardie et l’Ile-de-France, définitivement fixée.

À droite, Pellé montrait une figure rassérénée : il était maintenant sûr de tenir bon, et cependant on venait d’allonger son front vers l’Ouest, et à son secteur de l’Oise on ajoutait, à l’Ouest, la région boisée de Thiescourt, le Piémont et ses alentours. Or, précisément l’ennemi se préparait, pour élargir la trouée de Montdidier, à attaquer la région de Lassigny, poussant dans la direction Canny-Conchy ; mais Pellé y avait la 77e division, — une de ses meilleures, — à laquelle le général envoyait, en fait de renforts, tout ce qu’il avait sous la main, les escadrons du colonel Vieillard, le 319e d’infanterie, en attendant la 38e division d’infanterie qui allait débarquer.

Sur le Mont Renaud, on tenait fort bien : cinq attaques allemandes s’y brisèrent, ce jour du 27, avec de formidables pertes : les attaques de l’ennemi n’étaient pas plus heureuses sur le front Canny-Plessis-de-Roye et, encore que, nous Talions voir, le corps Robillot eût été contraint, à la gauche de Pellé, de se replier, celui-ci donnait l’ordre de se maintenir à Canny. Dans le barrage qu’organisait Humbert sur tout son front, une partie, — essentielle, — tiendrait : la ligne de La Berlière à l’Oise par le Piémont et les positions de la Divette.

Mais précisément parce qu’il se heurte au barrage à sa gauche, le flot déferle d’autant plus violemment à droite où les défenses naturelles, nous le savons, sont presque nulles. À la gauche de Robillot, les Allemands enlèvent le Cessier, puis Tilloloy, à l’Est de Montdidier. La 22e division s’est repliée sur Bus, le dos à Montdidier, puis perd Bus et son bois. La résistance s’organise, à la vérité, et se fait acharnée ; dans le bois Marotin, un groupe d’artillerie de campagne empêche à peu près seul par son tir, pendant deux heures, l’ennemi de déboucher des bois de Bus. Tout près de là, le groupement Bosquet formé du 22e territorial, de l’escadron divisionnaire et de deux compagnies du génie, disputait le terrain pas à pas, s’accrochait au sol, luttait des heures contre un ennemi dix fois supérieur. Aucun de ces efforts n’était perdu : l’Allemand allait arriver à Montdidier, mais à bout de souffle. Les Allemands ont-ils pénétré dans le bois Marotin, une concentration