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refaisait entre les troupes du 35e corps et la vaillante 56e division. L’ennemi était ainsi désorienté, jeté vers l’Ouest, obligé de remplacer une opération par l’autre et, faute de Paris, de viser Amiens exclusivement.

Il ne s’y résigna point en vingt-quatre heures. Pendant qu’à, la vérité, une partie de ses divisions déferlaient de Montdidior à Moreuil, nous le verrons tout à l’heure, contre le front Debeney qu’il supposait encore faible et mal assis, il préparait une suprême tentative pour faire sauter, entre Lassigny et Montdidier, la défense que lui opposaient nos troupes rafraîchies.

Pellé s’y était attendu qui, le 28, prescrivait de pousser activement les travaux de défense sur sa ligne. Le Piémont, principal bastion, déjà semble peu abordable, même de flanc, puisque le Plessis-de-Roye, sur le flanc Ouest de la montagne, attaqué trois fois, trois fois a vu l’ennemi repoussé.

Humbert cependant rêve mieux sur son front qu’une simple défensive. Les Anglais, après avoir dû, au Nord, abandonner une partie du Santerre, ont repris l’offensive dans la zone Rouvroy et Rosières et fait reculer la ligne allemande : l’ennemi se trouve ainsi engagé dans une poche qui soudain s’est rétrécie. Le général commandant la 3e armée entend qu’on en profite pour attaquer au Sud, menacer l’ennemi, Robillot en est chargé : l’élan est d’abord magnifique et donne des résultats. Au Sud du massif de Boulogne, le 4e zouaves enlève Orvillers et Boulogne-la-Grasse. S’il pousse un peu, l’Allemand va se trouver singulièrement aventuré à Montdidier. Celui-ci comprend le danger, s’en émeut, contre-attaque, nous rejette en partie des positions conquises. Mais si le gain de terrain est finalement mince, l’effet moral est grand. Si légère que soit cette reprise d’offensive, elle a affirmé notre volonté de réagir et, après ces jours de recul, un moral supérieur aux pires fatigues comme aux pires épreuves. Devant certaines unités, l’Allemand a paru « à bout de souffle. » Nos soldats en montrent de la joie.

L’armée se vit par-là encouragée à persévérer dans sa réaction. Si, le 29, elle ne parvenait pas à gagner plus de terrain, encore déconcertait-elle l’Allemand qui, pensant attaquer une suprême fois sur son front et s’y préparant, en était à se défendre avec de grosses perles. Car notre artillerie, maintenant en nombre et bien établie, faisait terrible besogne, pointée sur l’ennemi sans abris. Ces combats d’Orvillers-Boulogne où,