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vers l’Ouest ; à Grivesnes, au Plessier, les deux bataillons disponibles de la division prennent déjà position. A droite, tandis que les divisions de gauche de l’armée Humbert contre-attaquent, les débris de la vaillante 5e division de cavalerie formant un bataillon se rejettent sur le Montchel, sur le Mesnil, sur Fontaine-sous-Montdidier et reconquièrent les villages : au Montchel, on fait des prisonniers, on capture des mitrailleuses ; à Fontaine-sous-Montdidier, on enlève le village presque facilement, tant les Allemands, redoutant peu une réaction, ont dédaigné de s’y bien installer ; ainsi cette journée redoutée est, au contraire, finalement heureuse, prouvant ce que peuvent encore des hommes qu’eussent pu avoir épuisés leurs luttes de la veille.

Mais au Nord, l’ennemi attaque avec une extrême violence : il déclenche à treize heures une attaque en masse sur le front au Nord de la route Amiens-Roye, occupe Guillaucourt (Nord de Cayeux), descend dans les bois de la vallée de la Luce, repousse les éléments anglais qui occupaient des positions vers Cayeux, à travers noire ligne Quesnel-Caix. Celle-ci, que commande le général Mesple, pourrait en être ébranlée, mais un ordre énergique de Debeney le maintient sur la rive droite de l’Avre. Et la journée se termine sans plus de pertes. Mais ce ne peut être que le 29, — vendredi saint, — que l’effet du déplacement en masse des forces allemandes vers le Sud-Ouest peut produire son effet. On s’attend à l’assaut, on l’attend.

Cependant les forces de la 1re armée se sont grossies ; la 127e division est maintenant sous la main du général Debeney. La 166e est portée dans la région de Pierrepont où elle forme soudure entre le 6e corps et Mesple ; ainsi débarrassé de tout souci à sa droite, celui-ci pourra plus aisément soutenir à sa gauche les Anglais que par ailleurs va venir renforcer la 29e division accourue de Flandre au Sud d’Amiens et prête à pousser ses bataillons sur Hangard et Domart. Enfin, la 163e, arrivée en camions, est prête à assurer, — sans son artillerie à la vérité, — la défense de Moreuil. Debeney a enfin vraiment une armée.

La ruée allemande se produisit très précisément de ce côté. Nous sommes assaillis devant Mézières, les Anglais à Demuin ; nous ne pouvons tenir dans Mézières. Ainsi Moreuil est-il menacé. Les Allemands poussent, acculent notre ligne à l’Avre, entre Demuin et la Neuville-Sire-Bernard. En revanche, à droite, c’est nous qui attaquons sur Framicourt et