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Ainsi géologiquement constitué, le massif, d’une altitude moyenne de 150 à 200 mètres, s’étend sur une longueur de plus de 15 lieues, des pentes de Craonne jusqu’à Tracy-le-Mont, dominé à sa partie occidentale par l’un des monuments les plus célèbres de la féodalité, le château de Coucy, et, à sa partie septentrionale, par l’un des monuments les plus célèbres de la chrétienté, la cathédrale de Laon, terminé, à sa partie orientale, par l’éperon effilé, le musoir de Craonne, que nos soldats de 1917 ont baptisé plateau de Californie.

Le plateau entier de l’Aisne, dont nous savons, par sa constitution géologique, l’aspect général, le voici devant nous ; mais il jouera un tel rôle dans les batailles de l’Aisne, de la bataille de César contre les Belges à celle que livraient, en octobre 1917, les troupes du général Maistre, qu’il nous faut maintenant le visiter en détail.

A l’Est, le voici tout d’abord s’élevant au-dessus d’une vraie couverture de bois : du Sud au Nord, bois des Couleuvres (à l’Est de Beaurieux), bois de Beaux-Marais (à l’Ouest de Craonnelle), enfin bois de Corbeny. Derrière cette couverture, du Sud au Nord encore, vers Beaurieux, vers Vassogne, vers Oulches, vers Craonne, vers Bouconville, vers Vieux-Laon, vers Montaigu, les pentes de six plateaux s’élèvent au-dessus des bois.

Montaigu est, au Nord-Est, la pierre d’angle : en allant maintenant de l’Est a l’Ouest, voici les plateaux que j’appellerai de Festieux, de Parfondru, de Bruyères, d’après les bourgs qui en occupent les pentes. Entre les deux premiers, une dépression permet le passage à la route de Reims à Laon qui, ayant cheminé par Berry-au-Bac et Corbeny, prend le plateau en écharpe à Festieux, rentre en plaine, — la plaine de Laon, — à Athies, dont je rappellerai de quel drame il fut, en 1814, le théâtre, tandis que le chemin de fer a, de Reims à Laon, tourné le massif par l’Est.

Au Sud de la montagne de Laon, qui n’est que le donjon de ce gigantesque château fort de l’Aisne, celui-ci infléchit sa muraille vers le Sud-Ouest. Le plateau au pied et au Nord duquel s’est construit Laniscourt est une sorte d’isthme, à la vérité très large, rattachant au système le considérable massif boisé de Saint-Gobain-Coucy et cet énorme plateau d’entre