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Oise et Aisne dont les parties septentrionales portent Massenancourt, Moulin-sous-Touvent, Nampcel, Quennevières, Tracy-le-Mont, dont les pentes occidentales meurent en face de la forêt de l’Aiguë et dont les éperons méridionaux dominent l’Aisne de Rethondes à Soissons. Ce sera, ce plateau de l’Ouest, le champ de bataille en 1914 du général Maunoury.

Mais ce plateau n’est qu’un énorme appendice : le plateau de Soissons-Laon-Craonne doit, beaucoup plus spécialement, nous retenir et nous y revenons. La dépression qui a permis le passage à la belle route de Paris à Maubeuge, entre Soissons et Laon, le borne à l’Ouest. La limite occidentale du plateau entre Aisne et Ailette est, en effet, à Chivy, Etouvelles, Pinon, Vauxaillon, Neuville-sous-Margival, Crouy. Ce couloir, ne nous le figurons point comme plan ; le chemin de fer, entre Vauxaillon et Laffaux, a dû s’enterrer sous un tunnel long de 600 mètres ; le canal sous un autre d’une demi-lieue ; la route, elle, enjambe, si j’ose dire, le massif, mais à sa partie la moins élevée où elle a dans le fameux Chemin des Dames un embranchement nettement orienté de l’Ouest à l’Est.

Le plateau, — à l’est de Soissons, — présente, face à l’Aisne, sa muraille dentelée : hauteurs autour de Crouy ; plateau de Chivres au Nord de Missy ; éminence où, au Nord de Condé, s’est bâti le fort ; cole 109 et grand plateau de Jouy (188 mètres), au Nord de Celles ; puis le vaste plateau d’Ostel, au Nord de Vailly et Chavonne ; l’étroit plateau 197, qui, au-dessus de Soupir, s’allonge de la Cour Soupir à Froidmont ; le plateau de Beaulne et Chivy, au Nord de Pont-Arcy ; le plateau de Comin ; le plateau de Paissy, au Nord d’Oeilly et de Pargnan ; et enfin le plateau de Craonne, qui, trois fois étranglé, se décompose, après l’isthme d’Hurlebise, en trois tables : le plateau de Vauclerc, resserré à la hauteur du moulin de Vauclerc, s’élargit une seconde fois, — c’est la partie qu’on baptisera après 1916 du nom de plateau des Casemates, — se rétrécit encore à l’Est pour s’épanouir, puis s’effiler en un dernier plateau qui, pour Napoléon, s’appelait « le petit plateau de Craonne » et pour nos soldats de 1917 le plateau de Californie. L’isthme d’Hurlebise, — le plus fameux point de toute cette ligne de hauteurs, — est une manière de col où, le nom le fait pressentir, le vent souffle fort, mais col aux parois fort peu aménagées, du côté de la forêt de Vauclerc comme vers la vallée Foulon ; les