Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 46.djvu/818

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec une de ses brigades, occupe la boucle de l’Aisne au Sud de Crouy. Sur le plateau occidental, les corps engagés avancent lentement. Cependant la 31e division a franchi l’Oise à Verberie, et on peut espérer que, toute l’armée appuyant à gauche, on va pouvoir engager dans ce couloir le gros de Maunoury ; le 4e corps cherchant à franchir également la rivière à Plessis-Brion, Pimprez et Ourscamp, s’y engagera derrière la 37e division, menaçant Noyon. Le 13e corps, débarquant dans la région de Creil, viendra grossir l’aile enveloppante.

Mais le 14, le 7e corps continue à piétiner en face de la ligne ferme Puisieux-Vingré-Fontenoy-Nouvron ; Nampcel fortement tenu résiste ; il faut, pour faire tomber cette résistance, que le 4e corps, à la gauche du 7e, renonçant à passer l’Oise, attaque sur le plateau à l’Ouest de Nampcel, sur Puisaleine et Tracy-le-Mont : la 37e division elle-même ramenée sur le plateau, s’éloigne de l’Oise, se portant sur dits. Maunoury pense envelopper l’ennemi, mais sur le plateau même, alors qu’on attend de lui qu’il enveloppe, par la vallée de l’Oise, le plateau lui-même.

L’attaque sur le plateau devait se produire le 15 dès l’aube. Elle échoua, et toute l’armée marquait le pas. Mais on espérait beaucoup du 13e corps, en pleine marche maintenant dans la vallée de l’Oise. S’il faisait tomber Noyon et, derrière la cavalerie du général Bridoux, pouvait se jeter dans la direction de Saint-Quentin, le mouvement enveloppant s’amorçait et il n’était pas téméraire de penser que, sur le plateau même, toute résistance de ce fait allait tomber.

A la vérité, l’ennemi massait ses troupes, résolu à barrer la route à Maunoury. Celui-ci se heurtait au IXe, IIe, IVe corps, au IVe de réserve, au IIIe corps, toute l’armée de Klück et, tandis que l’Allemand organisait ses positions, il bourrait : des colonnes étaient, le 14 au soir, signalées par nos renseignements, se dirigeant, de Tournai et Valencîennes, en toute hâte vers le Sud ; le lendemain, elles débouchaient. Les Allemands étaient à tout prix résolus à résister sur le plateau même. Maison de plus, répondait le Grand Quartier, pour accentuer dans la vallée le mouvement enveloppant. Mais Maunoury espérait encore briser la ligne allemande, faisant, le 15 au soir, pour le lendemain, appel au courage éprouvé des vainqueurs de l’Ourcq pour qui, derechef, « il s’agissait de vaincre ou de se faire tuer. »