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garder dans l’histoire le nom de Course à la Mer. Et cette manœuvre qui devait aboutir à la Bataille des Flandres, allait laisser loin derrière elle la bataille de l’Aisne qui, dès lors, s’affaisserait. Le 18, on décidait le transfert, à gauche de Maunoury, du général de Castelnau à la tête de la 2e armée à laquelle seraient rattachés avant peu les 13e et 4e corps, repris à la 6e[1].

Mais, le 18 au matin, Maunoury espérait encore faire aboutir la manœuvre de débordement. Quoique assombrie, dès le matin, par la mort tragique du général Bridoux, commandant le corps de cavalerie, la journée pouvait encore être la revanche ide celle du 17. Mais il se fallait réorganiser et cela mangeait une journée. Ebener réoccupait sur le plateau, avec ses forces remises d’aplomb, la ligne Bailly-Tracy-le-Val-Bois de la Montagne. Et le 4e corps gagnait, derrière cette ligne bien tenue, la vallée de l’Oise par Compiègne pour prêter main-forte au 13e.

La pluie continuait à tomber, « torrentielle, » le 19. Cette circonstance rendait la marche pénible. L’attaque des forces de la vallée de l’Oise sur la ligne Lassigny-Guiscard ne pourrait se produire que le 20. L’avis du général Maunoury était maintenant que, sur le plateau, « de part et d’autre, on ne pouvait que s’immobiliser. » Les munitions -commençaient à manquer ; faute de nouveaux lots de munitions, le feu pouvait cesser le lendemain…

« S’immobiliser, » c’était, en effet, ce qu’on devait faire sur le plateau, et, quant à la manœuvre de débordement, elle passait au général de Castelnau qui, le 20, arrivait dans la région et déjà jetait des forces du côté de Lassigny. La première bataille de la Somme allait commencer. En attendant, les 4e et 15e corps, éreintés, se reposaient. Mais, sur le plateau, l’ennemi ne semblait pas disposé, lui, à « s’immobiliser. » Le 20, le centre de Maunoury (devenu sa gauche par le passage à Castelnau des 15e et 4e corps) était violemment attaqué. Le plateau fut derechef le théâtre d’engagements divers, le 7e corps avançant, la 62e division reculant ; finalement, on tenait sur le plateau une ligne qui biaisait de Tracy-le-Moni au Nord-Ouest à Fontenoy au Sud-Est. Le 21, ayant repoussé et paralysé,

  1. L’armée Castelnau avait en outre les 14e et 20e corps.