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mer Blanche et son Arkhangelsk, c’est ce qui ne saurait surprendre ; et d’autant moins que les plans de la voie ferrée Kola-Petrograd étaient établis déjà quelques années avant cette guerre. Seulement, outre que l’on s’était un peu arrêté devant les difficultés de l’entreprise, plusieurs solutions du problème étaient en présence, puisque aussi bien il paraissait logique d’utiliser, pour atteindre la capitale de l’Empire, une des trois lignes que le réseau ferré de la Finlande poussait vers le Nord. Du moins, sans aller jusqu’à envisager le tracé Kola Uléaborg, pouvait-on s’attacher à réaliser le tracé aboutissant à Kajana et, mieux encore, celui qui, arrivé à Nurmès, serait allé directement de ce terminus à Viborg, puis à Petrograd.

Fort heureusement, d’autres idées prévalurent, à quoi l’on voit bien que l’attitude prise, depuis, par la Finlande, n’était pas absolument inattendue. On se décida pour le quatrième tracé dit « de l’Est du Ladoga, » qui faisait passer, en effet, la voie ferrée en projet entre ce grand lac et l’autre mer intérieure, l’Onega, en traversant le chef-lieu, Petrogavodsk, du gouvernement d’Olonetz. De Petrogavodsk on s’élevait, à peu près en ligne droite, au Nord, et on atteignait la côte Ouest de la mer Blanche aux environs du petit port de Soroka, d’où plus tard on se réservait de faire partir un long embranchement qui rejoindrait la Dwina et, par Kotlas, se souderait à Viatka au Transsibérien[1].

De Soroka on passait à Kem, autre port relativement important de la mer Blanche ; puis à Kandalakcha, bourgade de pêche des Lapons-Caréliens, au fond du golfe Nord-Ouest qui porte le même nom, et enfin on arrivait à Ko4a-Mourmansk en suivant une ligne d’eau lacustre et fluviale très, favorable.

Le trajet total dépassait 1 500 kilomètres, soit deux fois environ la distance de Paris à Avignon. On en eût économisé 700, à peu près, en raccordant la voie au réseau finlandais, mais aujourd’hui nous ne pourrions plus atteindre la Russie que par Arkhangelsk, c’est-à-dire quatre ou cinq mois seulement sur douze. D’ailleurs, dès 1917, le chemin de fer carélien était suffisamment terminé et rendrait les plus grands services. Il en eût rendu plus encore et nous eût probablement épargné

  1. Le gouvernement russe se proposait, très judicieusement, de faire de la ligne Perm-Viatka-Kotlas-Soroka-Kola, la grande voie d’exportation des produits sibériens.